En Egypte, les supporters algériens et certains membres de l’équipe qui soutiennent le Hirak ont tenu à manifester dans le stade après la finale entre l’Algérie et le Sénégal. Ces derniers voulaient profiter de la présence du président par intérim pour se faire entendre.
Au Caire, la contestation algérienne n’a pas souhaité baisser les gardes. Elle a voulu manifester, après la victoire de l’Algérie lors de la finale contre Sénégal. Bensalah, qui a pris en charge 4.500 supporters pour « faire le déplacement pour encourager« leur équipe, se trouvait au stade.
Par l’intermédiaire du Premier ministre Noureddine Bedoui – une figure très contestée par les manifestants algériens – l’Etat avait annoncé, avant le match, que 28 avions ont été mis à la disposition des supporters Algériens.
Selon Noureddine Bekkis, enseignant en sociologie politique à l’Université d’Alger, « Le pouvoir voulait mettre à profit l’élan populaire envers cette équipe, dans l’espoir de diminuer la pression que fait peser sur lui tous les vendredis le Hirak ». Yazid Ouahib, chef de la rubrique Sport du quotidien francophone El Watan a affirmé que ces prises en charges étaient » une forme de corruption » qui n’aurait « aucun impact sur le mouvement populaire », car depuis « le 22 février, le peuple a montré qu’on ne peut pas se jouer de lui ».
Plusieurs manifestants ont également vu en cette opération une manœuvre « bouteflikienne« qui, selon eux, n’a servi absolument à rien. Ils avaient demandé aux 4.500 supporters transportés par le pouvoir de manifester de dans le stade, quel que soit l’issue du match. Ces supporteurs s’affirment comme des militants actifs du Hirak. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à militer. Car, certains membres de l’équipe soutiennent également le mouvement de contestation.
Ainsi, les supporters amenés par le pouvoir ont tenu à profiter de la tribune offerte par la finale de la CAN 2019 pour exprimer leurs revendications, alors que le président par intérim Abdelkader Bensalah était dans le stade.
Mais ce sont finalement peu de chants contre le pouvoir qui seront notés au stade. Les supporters, remportés par les émotions d’un grand match joué sous une tension énorme, ont certainement préférer célébrer leur sacre que manifester.
Un moment de tension pourtant quand Belaïli et Bounedjah ont tenté d’approcher les tribunes pour fêter la coupe avec leurs supporters algériens, la sécurité égyptienne les en a empêché. Bien qu’ayant essayé de « dribbler » ces forces de l’ordre, les deux joueurs n’ont pas réussi à atteindre les gradins.
Avec la victoire, vendredi, de l’Algérie sur le Sénégal (1-0), l’équipe doit être reçue par M. Bensalah. Reste à savoir si ces derniers iront visiter le président par intérim. Plusieurs appels sont, en effet, lancés aux joueurs sur les réseaux sociaux pour qu’ils refusent la cérémonie officielle à Alger.
Pour rappel, les joueurs algériens se sont peu exprimés sur le Hirak, mais Ryad Mahrez, star de l’équipe, a publié une vidéo dans laquelle ses équipiers et lui chantent La Liberté, chanson du rappeur algérien Soolking dédiée au Hirak.
Malgré le sacre, de nombreux Algériens rappellent que la plus grande victoire algérienne serait le départ du pouvoir. « On aimerait bien gagner la 2ème Coupe d’Afrique, mais ce n’est qu’un jeu, la priorité c’est la 2ème République », avait rappelé Faradji Mounir, un des militant, sur la page Algérie Debout, avant le match.