Noureddine Boukrouh, ministre plusieurs gouvernements algériens successifs entre 1999 et 2005, dit que le régime algérien actuel doit être aboli, afin que la liberté, la démocratie et la transparence ne soient plus de vains mots et deviennent des réalités vivantes, rappelant que toutes les formes de gouvernement essayées jusqu’à ici n’ont été qu’autant de formes d’oppression et doivent être remplacées par une nouvelle élite. Il étrille au passage le président algérien actuel ainsi que son intégrité politique.
«Le peuple algérien ne sera pas condamné à être hâté par le fouet du maître, à s’en aller mouillant de sa sueur et de son sang les rudes sillons qu’il lui faudra creuser, sans autre espérance que d’enfouir sous la dernière glèbe le sanglant fardeau de sa misère» : cette phrase provient d’un ancien fidèle de Bouteflika, dont il fut longtemps ministre, avant de devenir un des opposants les plus irréductibles du président actuel, qu’il qualifie de fonctionnaire de carrière et d’authentique apparatchik, pur représentant du «système» à la tête du pays depuis son indépendance.
Selon Noureddine Boukrouh, tout est problématique chez Tebboune : son empirisme défectueux, le décousu de sa vie, ses revirements soudains, l’imprudence de sa parole, tout cela fait de lui une figure terne et un personnage étriqué rogue avec le Hirak, empressé près des militaires, haineux et haïssable. «Abdelmadjid Tebboune a échappé à la prison grâce au général Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, qui en fit d’autorité le président putatif de la République en pensant qu’avec lui il tiendrait plus sûrement l’Algérie. Il décéda quarante-huit heures après la prestation du serment présidentiel par son poulain dont le fils était en prison depuis plusieurs mois» c’est avec ces mots au vitriol que Noureddine Boukrouh, ancien ministre algérien, a qualifié le président du régime actuel Abdelmadjid Tebboune, vainqueur mal élu de la présidentielle contestée du 12 décembre en Algérie et considéré comme illégitime par le puissant mouvement de contestation, Hirak. Un président guignol qui s’est contenté d’un simple replâtrage des institutions actuelles, porté à la magistère suprême par un parterre de dignitaires, notamment un carré de haut gradés, dont le défunt général Ahmed Gaïd Salah. Le fils de Tebboune, poursuivi pour «trafic d’influence», «corruption» et «perception d’indus cadeaux» dans le cadre d’affaires immobilières et qui a bénéficié de la relaxe, est la preuve que le président algérien, trop définitif, n’est que cynisme et vénalité.
«Jamais dans l’histoire des nations une telle proximité entre la prison et le sommet de l’Etat n’a été constatée. Moins d’une année après son intronisation la Covid 19 frappait Tebboune, le mettant entre les mains de la mort. La médecine allemande réussit à l’en arracher et à le remettre sur pied, mais nul ne pouvait imaginer qu’un impondérable, dû à la Covid 19 ou à autre chose, allait le livrer à un sort peut-être pire, celui de la folie, car mieux vaut perdre la liberté et la vie que la faculté du discernement qui prive de leur jouissance» écrit l’ancien ministre dans une longue tribune incendiaire dressant l’image d’un président jaloux de maintenir son pouvoir, auquel il se cramponne avec toute l’énergie d’une institution qui n’a pas encore eu le temps de tomber en décomposition sénile.
«De béni, le Hirak qui l’a incidemment porté au pouvoir devint « honni » parce qu’il voulait le lui enlever. Quand on n’est que simple quidam, devenir fou est un malheur inconsolable. Mais quand on est le chef d’Etat du plus grand pays d’Afrique, le problème prend les proportions d’une menace nationale et d’une source de désordre international. Ce n’est plus le sort d’un homme qui est en jeu, mais celui d’une nation et de son voisinage» épingle M. Boukrouh, dénonçant un président du passé, un boulet attaché aux pieds du peuple, incapable d’accomplir cette immense régénération économique, politique et morale tant désirée.
Pour l’ancien ministre, Abdelmadjid Tebboune «a été ébranlé intellectuellement, il ne sait plus ce qu’il dit malgré l’aplomb qu’il y met, qu’il a atteint le stade de confusion où la logique est renversée jusqu’à faire prendre la minorité pour la majorité et vice-versa. Il en est à déclarer en public qu’on peut être élu sans vote, que le nombre des votants n’a rien à voir avec la légitimité, ajoutant avec fierté qu’il puise sa certitude d’être sur la bonne voie dans le fait que la majorité du peuple va dans la direction opposée. Les choses se sont embrouillées dans son esprit à telle enseigne qu’il ne distingue plus entre les lois de la nature et ses desiderata. Il balaie d’un revers de main l’arithmétique élémentaire, s’emmêle les pinceaux dans les taux, dénie toute utilité aux statistiques, défie le sens commun et piétine la morale politique. Peut-on sensément parler de légitimité populaire quand 30% d’un peuple disent Oui à quelque chose et 70% Non ? C’est ce dernier taux et non le premier qui confère la légitimité, sinon ce serait le monde à l’envers» a-t-il déclamé.
L’Algérie actuelle pour l’ancien ministre s’apparente à la dictature d’un individu, dirigée par l’esprit d’un seul homme, rappelant que rien ne se fait de bon et de durable que par la libre initiative du peuple. Tebboune «ne connait plus le sens des mots, il est inaccessible au dialogue, il n’entend que sa voix et plane délicieusement dans l’apesanteur du monde à l’envers. Dit en langage courant, Il est devenu fou. Un fou qui, au regard du poste qu’il occupe, peut à tout moment devenir un Néron algérien. Que ne redouter de lui après qu’il a accepté que la Kabylie soit exclue de la représentation nationale ? Tout et pire. Même s’il n’avait fait que cela, c’est assez pour mériter d’être camisolé et reclus à vie dans un asile pour aliénés mentaux. Maintenant il signe à tour de bras des ordonnances rendant passible de poursuites judiciaires pour terrorisme toute contestation de ses errements, et la justice n’est plus rendue au nom du peuple mais d’une minorité allant à l’encontre de la volonté de la majorité du peuple», pointe la même source.
«Par ses déclarations irresponsables, insensées et d’une stupidité jamais égalée à ce niveau, par son entêtement à continuer d’aller systématiquement à contre-courant du sens commun et de la volonté populaire, Tebboune fait courir au pays des dangers extrêmement graves. Les pays ne meurent pas comme les hommes. Ils ne disparaissent pas subitement un jour corps et âme. Ils meurent d’une autre façon, dans le grabuge ou d’une lente dégradation des conditions de vie de leurs habitants, de la dislocation de leur économie, de leur division en partisans et adversaires du pouvoir, de l’assassinat en eux de l’espoir d’une vie moderne…Que faire, à la fin des fins, pour ramener à la raison un président en exercice devenu fou ?» a-t-il conclu.
Dès l’annonce de sa victoire en 2019, Tebboune a dit «tendre la main au Hirak», l’invitant à un «dialogue» pour une «Algérie nouvelle» et promettant notamment une révision «profonde» de la Constitution pour donner naissance à une «nouvelle République». Le Hirak, lui, a opposé une fin de non-recevoir. La suite est connue : répression, arbitraire, prison peuplées, élections boudées et un régime qui laisse trop de champ aux utopistes et aux brouillons.






