La banque africaine de développement (BAD), la Banque européenne d’investissement (BEI), et la banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) dévoilent dans un rapport conjoint, les défis à relever pour le développement du secteur privé et de l’investissement au Maroc.
En ce qui concerne les politiques de développement du secteur privé au Maroc ayant principalement eu pour but d’attirer les investissements directs étrangers (IDE), le rapport conjoint estime que cela a entraîné une forte dichotomie dans l’économie marocaine. Si les entreprises étrangères, qui sont principalement dans les secteurs de l’automobile et du textile, se sont implantées avec succès, les retombées sur les entreprises marocaines sont limitées. Il en va de même pour la création de l’emploi que le rapport juge décevante.
Le besoin de faciliter l’accès des entreprises aux financements, notamment pour celles opérant dans l’informel est mis en avant dans le rapport.
Il relève également que l’intermédiation financière au Maroc est freinée par la concentration élevée des prêts bancaires dans certaines grandes entreprises, par des exigences strictes en matière de garanties et par la disponibilité limitée d’informations sur le crédit. Et si le secteur financier non bancaire revêt une importance croissante au Maroc, sa taille réduite limite les choix des instruments financiers pour les petites entreprises.
Bien que les résultats soient ‘’positifs’’, les trois institutions concluent que le Plan Maroc Vert (PMV) a jusqu’à présent donné des résultats limités en ce qui concerne le développement du secteur privé en milieu rural. Si le PMV avait pour objectif d’établir 6 agropoles industrielles compétitives entre 2009 et 2015, afin d’attirer les investissements et de créer des emplois dans la filière agricole, le rapport note que seules deux des 6 agropoles prévues étaient en activité en 2015 et que moins de 30% de leur surface totale accueillait des projets en 2016. Elles étaient 4 en 2019, mais se trouvaient encore en phase de commercialisation. Le coût élevé des terrains, dans ces zones spéciales, représentant l’un des principaux obstacles qui empêchent les investisseurs de s’y installer.
Par ailleurs, le rapport conjoint explique que les barrières tarifaires et non tarifaires freinent les échanges commerciaux avec l’Afrique. Par rapport aux importations en provenance de l’UE ou d’autres pays, c’est sur les produits importés du Maroc que l’Afrique subsaharienne impose les droits de douane les plus élevés. Les droits de douane moyens se montrent à 16,25% contre environ 10% pour les pays de l’UE.
Pour ce qui est du plan d’accélération industrielle de 2014, le rapport estime que l’attention particulière accordée aux IDE a certes réussi à attirer des investissements dans des secteurs dynamiques, mais la stratégie n’a pas pleinement permis la modernisation et le renforcement de la compétitivité des PME marocaines. Ce secteur est confronté à plusieurs distorsions du marché : les incitations sont mises en place pour attirer des IDE, en particulier dans les zones franches, la majorité des services fournis par l’Agence marocaines de développement et des exportations (AMDIE) s’adressent à des entreprises relativement grandes et seules les entreprises exportant plus de 70% de leur production peuvent s’installer dans les zones franches.