Il aura fallu que l’hebdomadaire « El Mechaal » et « Chouf TV » organisent une conférence, pour relancer le débat politique entre certaines des composantes politiques du pays dans la perspective des élections de 2016.
Une occasion qui a rassemblé les dirigeants des deux des principaux partis de l’opposition, en l’occurrence Hamid Chabat de l’Istiqlal et Driss Lachgar de l’USFP, aux cotés de ceux de la majorité, le PJD représenté par le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi et le dirigeant du PPS Nabil ben Abdellah.
Un débat que l’on qualifie de chaud mais courtois et au cours duquel, les deux dirigeants de l’opposition ont adopté une attitude sage en appelant à un dialogue entre les différentes composantes politiques et le gouvernement en vue d’entamer une nouvelle étape basée sur des contrats et engagements clairs. Un dialogue qui, selon eux, est le seul susceptible de surmonter les difficultés de tout ordre.
A cet égard, le Premier secrétaire de l’USFP, estime qu’un tel dialogue doit être basé sur une charte pour lutter contre la corruption, et assurer l’organisation d’élections transparentes en 2016, affirmant au passage la volonté de son parti de contribuer à l’amélioration des institutions dignes d’un état de droit. Pour étayer ses propos, Driss Lachgar a rappelé le discours royal du 9 mars 2011, au lendemain du « Printemps Arabe », discours axé sur la reforme, la bonne gouvernance et la solution des problèmes.
Le dirigeant de l’USFP qui a profité, tout comme les autres interlocuteurs, de ce débat pour se positionner dans dans la perspective des élections de 2016, a fait savoir, par anticipation, que son parti reste ouvert à tous les démocrates sur la base de programmes en vue d’aboutir à des coalitions saines.
Pour sa part, Hamid Chabat a mis l’accent sur les nombreuses attentes, défis et contraintes auxquels il va falloir faire face avec courage à travers « un chantier en commun accord », à travers un dialogue avec les partis et les syndicats dans l’intérêt du pays.
Chabat, qui nous habitués à ses propos incendiaires à l’égard du gouvernement, semble avoir mis de l’eau dans son vin, en qualifiant le bilan du gouvernement de mi-figue mi-raisin. Tel un sage, il a insisté sur l’adhésion de tous à une action commune garantissant les droits élémentaires du triptyque santé, éducation et emploi.
Mais ce débat, aussi courtois soit-t-il, se devait, un tant soi peu, se chauffer avec un Driss Lachgar qui trouve déplorable que le chef du Gouvernement, Abdelilah Benkirane dise, au cours du dernier conseil du gouvernement, qu’il prend contact avec le ministre de l’intérieur Mohamed Hassad trois à quatre fois par jour en moyenne, se demandant s’il serait possible pour M. Benkirane d’agir en tant qu’intermédiaire pour les 30 millions de marocains et de marocaines. Contrairement à Chabat, le dirigeant de l’USFP dit craindre le bilan du gouvernement, allant même jusqu’à considérer que rien n’a été fait, ou presque, depuis l’adoption de la Nouvelle Constitution.
Il ne pouvait par ailleurs se dérouler sans évoquer la question d’actualité qu’est celle des retraites des parlementaires et des ministres qui, selon Nabil Benabdellah concerne les ministres du Roi, et par conséquent, leur retraite en dépend.
Il a tout de même rejoint les autres dirigeants politiques qui préconisent un réexamen de cette question brulante qui enflamme les réseaux sociaux au point de susciter « l’adhésion » du PJD et du PI, à en croire Chabat et El Khalfi. L’occasion pour ce dernier d’annoncer que son parti prépare une proposition dans ce sens.
Cette conférence à laquelle n’a pas pris part le PAM notamment, a au moins eu le mérite de faire sortir ces dirigeants de l’ornière et de se réconcilier, le temps d’un débat, une classe politique plus que jamais divisée.






