Dans leur livre L’Homme qui voulait parler au roi (Calmann-Lévy, 240 pp, 2015), Zakaria Moumni et son épouse de l’époque Taline Sarkissian affirment avoir décliné des remises d’argent contre leur silence. Sauf que la réalité a été réécrite, altérée, et parfois défigurée.
C’est un livre qui, malgré ses ventes anecdotiques, a été commercialisé à grands coups de publicité. Dans L’Homme qui voulait parler au roi (Calmann-Lévy, 240 pp, 2015), Zakaria Moumni et son épouse à de l’époque Taline Sarkissian ont prétendu qu’un émissaire marocain leur a proposé des sommes contre leur silence. La vérité, c’est qu’ils ont voulu soutirer quatre millions d’euros au royaume du Maroc, selon une enquête réalisée par notre confrère Al3om9.
Zakaria Moumni, qui réfuté tout accord financier à l’époque, est apparu dans des enregistrements clandestins clandestins accepter une avance de 10 000 euros. Pourtant, il avait déclaré avoir décliné une enveloppe contenant de grosses liasses de billets. Ces vidéos et quelques autres, aussi explicites, sont les pièces à conviction les plus spectaculaires du dernier en date des scandales qui entachent la véracité des allégations de Zakaria Moumni.
Le couple écrit :
«Le 5 mars 2013, Mohand Laenser s’est présenté à l’hôtel comme convenu, accompagné du fidèle (H.C), et pour la première fois depuis notre arrivée il a évoqué une offre de réparation matérielle de la part du Maroc (…) Nous allons tout te faciliter. Dès que tu veux rentrer au Maroc, Zakaria, tu nous appelles et nous nous occupons des billets d’avion, idem si tes parents, ta famille, souhaitent te rendre visite en France, nous prendrons tout en charge. Tu comprends, nous voulons t’aider à reconstruire ta vie. Pense à ton avenir, Zakaria, ne laisse pas passer cette chance. Nous pouvons te financer un club à Paris, puisque tu vis en France. Il te faudrait un espace de 400 ou 500 m2 , ce serait bien, non ? Nous sommes prêts à te fournir 5 à 6 millions d’euros pour acheter le lieu, les équipements. Bien sûr, si tu veux revendre après, il n’y a aucun problème, c’est ton argent, Zakaria, tu en disposes comme tu veux.»
Pourtant, dans les enregistrements, c’est Zakaria Moumni et son épouse qui négocient l’offre financière avec l’émissaire marocain.
«Quand M.L nous a proposé de repousser à nouveau la date de notre départ, j’ai courtoisement refusé en expliquant que mon travail m’attendait à Paris, et nous nous sommes dit au revoir. Je pensais que nous en avions fini avec eux mais le soir même, nous avons à nouveau reçu la visite d’Hamid Chnouri. Je me souviens qu’il s’est assis dans le canapé de notre suite et a lentement sorti une grande enveloppe blanche. “ À l’intérieur, il y a 10 000 euros”, a-t-il souri en la déposant sur la petite table entre nous (…) Zak l’a remercié en disant que non, il n’allait pas compter, c’était un cadeau. Quand C a ajouté qu’une petite lettre de remerciement serait bienvenue, Zak lui a promis qu’il le ferait dès son arrivée à Paris. Le lendemain matin, il a laissé sur la table l’enveloppe avec les billets».
Mais les images filmées offrent un clair démenti à ces allégations :
Puis, cet extrait surréaliste, de celui qui réclamait avec trop d’insistance un poste de conseiller sportif au ministère de la jeunesse et des sports : «Mais nous nous sommes posé la question, ce jour-là, une fois seuls. Devions-nous accepter les 6 millions d’euros ? La somme était suffisamment énorme pour qu’on y réfléchisse. Nous n’avons pas tergiversé longtemps (…) L’argent seul ne réparerait rien.»
En 2016, le parquet de Paris a classé sans suite la plainte de Zakaria Moumni lancé contre le patron du renseignement marocain, Abdellatif Hammouchi. Cette décision «constitue une victoire face à la diffamation, à l’injure, aux affirmations sans fondements et à une médiatisation de l’affaire indûment exploitée par M. Moumni», ont déclaré les avocats du Maroc.
De lourdes interrogations persistent sur la responsabilité de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme dans la promotion de ce maître-chanteur, telles que la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH), Human Rights Watch, Amnesty International ou encore l’Association marocaine des droits humains de Khadija Ryadi.






