L’équipe dirigeante de Charlie Hebdo ne cesse d’investir champ de la radicalité, au prix d’une confusion savamment entretenue sur le thème de l’islam, qui apparaît rassembleur aux yeux d’une partie de ce média et du monde militant d’extrême droite. On se souvient que la stigmatisation des juifspar les uns alliée au silence d’autres à propos de comportements racistes a abouti à l’enfer de l’holocauste. La France est-elle en manque d’une extermination raciale par siècle ?
L’appel à la marche contre l’islamophobie, Paris, contre la «stigmatisation grandissante» des musulmans, après l’attaque d’une mosquée à Bayonne et d’énièmes débats houleux autour du voile, continue d’engendrer une multitude de réactions, d’intensité et de gravité variables.
Dans un dessin publié dans le dernier numéro en date du magazine, Laurent Sourisseau, dit Riss, directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, a produit un croquis où les intellectuels de la gauche française accomplissent la prière dans une mosquée avec de « supposés islamistes » en allusion au fait que les deux courants constituent désormais un bloc homogène.
Le magazine satirique Charlie Hebdo, qui «défie toute forme de censure», refuse de se défaire de sa ligne provocatrice affichée à l’égard des religions, principalement l’islam, par la publication des caricatures à connotation polémique.
Considérés en coupe synchronique, les paramètres du débat autour de l’islam en France ne sont pas immobiles et rigides mais plutôt mouvants. Si sa configuration se modifie au gré des accentuations, déviations, circonstances, altérations et autres mouvements occasionnés par les différentes interventions auxquelles il donne lieu, son amplitude est privée de toute élasticité qui pourrait le faire respirer.
La notion d’islamophobie, qui s’est largement diffusée dans l’espace public français ces dernière années, surtout après les attentats de 2015, demeure objet de débats et de crispations. Plusieurs institutions et acteurs, politiques et médiatiques, se sont englués sans ce champ mouvant dont les frontières, la composition et les limites posent des questions permanentes, et dans lequel des acteurs se livrent à une lutte culturelle ainsi qu’à une bataille d’influence idéologique, autant vis-à-vis de l’extérieur qu’à l’intérieur du domaine lui-même. Les divergences y sont d’autant moins dissimulés que la démonstration publique d’une initiative ou d’une propension à la surenchère dans la psychose est la condition de la survie des groupuscules et de leur emprise, dans un univers où la prédominance des réseaux sociaux ouvrent la voie à de nouvelles formes de circulation des idées et de conquête des aléas du débat public.
Parmi les personnalités appelant à défiler à Paris, il y a le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, naguère proche des journalistes de Charlie Hebdo, dont certains ont été tués dans les événements de 2015. Deux libertés sont mises en balance dans le contentieux sociétal actuel en France – la liberté d’expression et le droit au respect des croyances – sont des libertés fondamentales, protégées à la fois par la loi, l’âme constitutionnelle et les normes conventionnelles.