Quelle lecture peut-on faire de la présence de Yassine Mansouri, patron de la DGED ( services du renseignement et du contre-espionnage marocains), dans les bagages de son ministre délégué aux Affaires étrangères, Nacer Bourita, arrivé vendredi dernier à Alger porteur d’un message au président Bouteflika ?
C’est la question que se pose d’emblée le quotidien algérien El Watan dimanche sur son site électronique. La réponse ne semble pourtant pas couler de source pour El Watan qui tient d’abord à se perdre en conjectures avant de situer cette visite dans son propre cadre.
« Est-ce pour rencontrer Bachir Tartag, le coordinateur des services de sécurité, et discuter des nombreux problèmes liés notamment aux tonnes de cannabis qui transitent par la frontière ouest ou débattre des centaines de «combattants» marocains enrôlés dans les rangs de Daech, qui font de l’Algérie un pays de passage pour aller renforcer les rangs des terroristes en Libye ? », s’interroge El Watan en guise d’introduction et certainement d’orientation du lecteur, une façon pour ce journal connu pour son « amour » du Maroc, de noyer le poisson.
Et El Watan de poursuivre: « Autant de questions d’ordre sécuritaire qui intéressent les responsables des services des deux pays, au point de miner leurs relations bilatérales et plomber leur coopération. Mais à en croire des sources bien informées, ces questions n’étaient pas à l’ordre du jour de cette rencontre ».
Alors si ces questions n’étaient pas à l’ordre du jour, pourquoi tenir coûte que coûte à en parler en guise d’introduction de cette « information-analyse » qui sent le pourri et bien évidemment la mauvaise foi?
Il aura fallu attendre le troisième paragraphe pour enfin informer le lecteur du véritable contexte de la visite de Yassine Mansouri à Alger à savoir, accompagner Nasser Bourita pour remettre un message du roi Mohammed VI au président algérien Abdelaziz Bouteflika.
« Leur souhait de voir le président Bouteflika et lui remettre en main propre la lettre du roi n’a pas été exaucé », tient à faire remarquer El Watan qui, apparemment, n’arrive pas à avaler le fait que les entretiens avec Tartag et le premier ministre Sellal ne portent pas sur le cannabis et les combattants marocains comme il l’aurait souhaité. Quant au « souhait non exaucé » des deux émissaires marocains de ne pas avoir rencontré ce cher Bouteflika, la question aurait pu être posée à son entourage qui aurait pu éclairer la lanterne de ce journal. Et puis, question de faire un peu le méchant, mieux vaut rencontrer quelqu’un qui arrive à parler comme le premier ministre Sellal même si… qu’une personne atteinte par l’age et ravagée par la maladie qu’on oblige à rester clouer sur sa chaise roulante incapable de prononcer un mot, ni d’ailleurs reconnaître ses interlocuteurs. Le Premier ministre français Emmanuel Valls en est témoin.
Pour revenir à l' »information-analyse » qui nous concerne, El Watan cite ses » interlocuteurs (qui) n’hésitent pas à faire le lien entre cette visite et «la campagne menée récemment par le Maroc auprès de pays africains pour qu’ils soutiennent son retour à l’Union africaine et pour l’exclusion du Polisario ». De là a ce que le Maroc aille jusqu’à demander le soutien de l’Algérie pour son retour à l’UA, il n’ y a qu’un pas que seul El Watan a franchi….dans son imaginaire.
El Watan qui tient, encore une fois, à se perdre en conjectures, s’interroge si le Maroc est « prêt à aller à l’encontre de sa doctrine diplomatique qui consiste à rejeter toute idée d’un Etat sahraoui et encore moins à siéger à ses côtés au sein d’une quelconque organisation ? ». La réponse à sa propre question: » Nos interlocuteurs sont unanimes à écarter un tel scénario », poursuit-il en affirmant que « pour eux, il s’agit là d’une simple «agitation politique» destinée à la consommation «interne», notamment après l’échec cuisant essuyé par le palais royal dans la gestion de la crise avec la Minurso, qui s’est terminée par l’expulsion de cette mission des territoires occupés ».
Cette « agitation politique » destinée à la « consommation interne », les marocains n’en étaient même pas au courant, et n’y accordent aucune importance car ils ont bien vécu 32 années loin de ce cirque africain ou « machin » pour paraphraser le général De Gaules, et puis, le Maroc est bel et bien présent en Afrique et avec des projets concrets et solides que les africains apprécient énormément, loin des discours creux de certains de leurs dirigeants.
Quand on est à cours d’arguments, il est normal qu’on se perde en conjectures et c’est ce qu’a fait El Watan…comme d’habitude d’ailleurs.