Nombreux parmi les partisans du régime, sentant leurs intérêts menacés, cherchent par tous les moyens à vous maintenir, Monsieur le président, sur votre fauteuil présidentiel pour un cinquième mandat, synonyme de votre intronisation éternelle qui aurait sans doute le mérite de rappeler aux Algériens ce proverbe qui leur est très familier : ‘’si on ne sait pas rire faisons rire les autres’’.
Vous aurez, Monsieur Bouteflika, 82 ans lorsque vous prendriez cette décision combien inappropriée de vous représenter en avril 2019 au bureau de vote pour briguer un cinquième mandat. Vous seriez en fauteuil roulant reproduisant le même scénario qui consiste à récupérer la solidarité des Algériens qui aiment soutenir leurs malades. Peu vous importerait l’effet désastreux que cette image allait provoquer à l’étranger.
Que vous soyez élu légalement ou avec fraude, aucune importance Monsieur Bouteflika ! Les Algériens ont pris l’habitude, ils savent que leur président est habité par le caprice du pouvoir et il n’est pas question pour eux de l’en priver.
Au pouvoir depuis presque 20 ans, affaibli par la maladie et l’usure de l’âge, vous n’entendez certainement pas partir contrairement à votre promesse en mai 2011 de passer le flambeau aux jeunes. Première volte-face parmi des dizaines d’autres. Vous accréditez ainsi le journaliste du Monde, Jean-Pierre Tuquoi, qui disait de vous dans son dernier livre ‘‘Alger-Paris, couple infernal’’ : ‘’Abdelaziz, bon vivant, amateur de cigares, de costumes bien taillés et de femmes, rêve de mourir à la tâche comme Boumediene’’.
Il y a exactement dix ans, lorsque vous aviez fait voter une nouvelle Constitution en 2008 annulant la limite des mandats présidentiels à deux, les médias français, ébahis, écrivaient à l’image du journal ‘’Le Figaro’’ que Bouteflika ‘’est obsédé par un mandat à vie et même la gravité de son état de santé ne pourrait l’empêcher de succéder à lui-même’’.
‘’Le Monde’’ avait, quant à lui, écrit que ‘’Bouteflika, président imprévisible et déroutant, rêve de mourir au pouvoir’’.
Aujourd’hui, l’indignation est à son comble. La presse algérienne, maghrébine et française consacre quotidiennement, Monsieur le président, une série d’articles sur les risques que fait peser sur l’Algérie les futures années de votre exercice qui devait, tout compte fait, consacrer votre stratégie articulée autour d’un objectif unique : le rétablissement des conditions politiques du pouvoir absolu.
Avec 81,53% des voix qui vous ont été favorables lors du 4ème mandat (avril 2014), vous avez conservé la 3ème place que vous déteniez dans le classement des dictateurs au monde. Vous aviez été juste après le dictateur de la Guinée équatoriale (97,1%) et le dictateur de la Syrie, Bachar Al-Assad (91%).
Les Algérien attendent de vous un rejet catégorique de toute tentation électorale. L’usure de l’âge aggravé par l’état dramatique de votre santé, vous commande un retrait, sans regret, des charges combien lourdes de l’Etat. Un retrait qui s’avère d’autant plus vital que l’élite intellectuelle algérienne se demande aujourd’hui comment le pays politiquement corrompu et économiquement fragilisé, pourrait-il se gouverner encore par un homme malade et qui, de surcroît, concentre l’essentiel des pouvoirs.
Dire aussi que depuis votre hospitalisation en 2005 pour cancer de l’estomac, votre action est réduite au strict minimum et le pays fonctionne au ralenti et avec un taux élevé de scandales et de corruption.
Le bilan général de votre règne qui a duré vingt ans est loin d’être satisfaisant. Détournements de fonds publics, corruption, clientélisme, tout est réuni pour susciter colère et indignation chez les citoyens algériens. Les raisons de cette colère sont également imputées aux scandales qui ont émaillé vos quatre mandats.
A ce titre, les Algériens se rappellent à propos du chômage, en 1999, avec quel talent leur président nouvellement élu, déclarait l’air très confiant : ‘’Nous sommes en train de prendre des mesures politiques internes pour redonner l’espoir aux sans-emplois d’aspirer légitimement à un travail, aux sans domicile fixe de réaliser leur rêve de posséder enfin un toit…’’. vingt ans plus tard, le chômage a triplé de volume.
Les promesses de juin 1999, date de votre première élection, resteront gravées dans la mémoire des Algériens: ‘’L’Algérie est une terre polluée. Elle a besoin d’être nettoyée d’abord et travaillée par des hommes intègres (…) Je suis venu effacer tout cela avec de l’eau de javel…’’’.. Vingt années plus tard, les scandales se comptant par dizaines sont venus rappeler les Algériens que leur président a utilisé la mauvaise eau de javel. Et rien n’a été nettoyé.