Le déficit technique du régime des pensions civiles de la Caisse marocaine des retraites (CMR) a atteint à fin 2019 un total de 5,24 milliards dirhams après 6 milliards dirhams en 2018 et 5,6 milliards dirhams au titre de l’année 2017. Les réserves de la CMR ont diminué à 75,9 milliards dirhams.
Selon Driss Jettou, Premier président de la Cour des comptes, le déficit technique du régime des pensions civiles de la CMR a atteint 5,24 milliards de dirhams à fin 2019. La CNSS connaît une situation semblable mais moins aiguë.
Pour sa part, le Régime collectif d’allocation de retraites (RCAR) a enregistré un léger excédent technique ne dépassant pas 1 million dirhams. Ce léger mieux s’explique par l’accroissement de ses recettes, en relation avec l’augmentation des effectifs des adhérents.
En dévoilant ces chiffres, le premier président de la Cour des comptes a fait savoir que les équilibres des trois caisses «affrontent des risques croissants». D’où la nécessité d’une intervention décisive afin d’accélérer le rythme de la réforme. «J’insiste à nouveau sur l’urgence qui s’attache à une intervention décisive pour accélérer le rythme de la réforme en vue d’éviter l’épuisement des réserves et son impact négatif sur la pérennité des régimes de retraite, l’épargne et le financement de l’économie nationale», a-t-il souligné.
Il a aussi déploré le fait qu’«à ce jour les étapes suivantes de la réforme n’aient pas été enclenchées, notamment en vue de la création d’un pôle unique du secteur public répondant aux conditions d’équilibre, de pérennité et aux règles de bonne gouvernance». Rappelons à ce sujet que la Cour des comptes avait publié en novembre 2017 un rapport sur la Caisse marocaine des retraites présentant les défaillances qui menacent la viabilité du régime. Dans son rapport, la Cour a émis plusieurs recommandations importantes pour réussir la réforme des retraites.
Celle-ci avait insisté sur la nécessité d’engager une réforme profonde en s’orientant vers la création d’un pôle public, de manière à asseoir une convergence vers un régime public viable et pérenne, ainsi que sur l’unification des règles de liquidation des pensions dans l’ensemble du secteur public. La Cour avait également proposé de s’orienter vers une tarification des prestations tenant compte de l’évolution démographique, sociale et économique que connaît le pays et d’opter pour un taux de remplacement raisonnable avec un traitement approprié au profit des populations à faible revenu.
Il avait aussi été recommandé de mettre en place un système de retraite plafonné avec l’introduction, autant que possible, d’une part de capitalisation afin que le poids de la retraite ne soit pas entièrement porté par les générations futures. Les personnes titulaires de hauts salaires pourraient souscrire à des compléments de couverture retraite, sous forme de capital ou de rente viagère, dont les montants dépendent de leur capacité contributive et de leur volonté d’épargner.