Le gouvernement français s’apprête à apporter «un soutien sans équivoque» au plan d’autonomie marocain au Sahara. C’est ce qui ressort d’un communiqué qui a été rendu public ce jour par le gouvernement algérien et publié depuis quelques instants sur le site du ministère des affaires étrangères à Alger. On y apprend que «cette décision a été communiquée officiellement aux autorités algériennes par les autorités françaises ces derniers jours.»
Paris a franchi le pas, dans la bonne direction, n’en déplaise au régime algérien. La décision était attendue et espérée au Maroc, elle arrive à point nommé et dans le meilleur des contextes, quelques jours avant la commémoration du 25e anniversaire de l’intronisation du roi Mohammed VI.
Le gouvernement français, dans une démarche similaire à celle des États-Unis, de l’Espagne et d’autres pays, après avoir été le premier à estimer que le plan d’autonomie proposé par le Maroc constituait «une base de discussions sérieuse et crédible» pour régler le différend du Sahara, a décidé d’«avancer» et de passer à la vitesse supérieure. C’est une décision courageuse, juste, pertinente et qui pèsera de tout son poids, venant d’un membre permanent du conseil de sécurité, le second en l’occurrence après Washington.
Désormais, ce qu’il est convenu d’appeler «la question du Sahara» entre dans une phase décisive, augurant d’une évolution positive au sein du conseil de sécurité qui ne pourra qu’aller dans le sens souhaité par la grande majorité des États. Sauf un, l’Algérie voisine.
Délire
Dans son communiqué, le gouvernement algérien, fidèle à ses habitudes, a aligné tous les termes et les expressions dont il a l’habitude d’user en de pareilles occasions lorsqu’il est en colère, vraiment en colère, ce qui lui arrive de plus en plus souvent ces derniers temps. «Grand regret», «profonde désapprobation», «décision inattendue, inopportune et contre-productive», Alger a sorti l’artillerie lourde pour canarder à tout-va, sans discernement ni modération.
Que dire d’un communiqué officiel dans lequel il est écrit que «Les puissances coloniales, anciennes et nouvelles, savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables» ? Après les regrets et la désapprobation, l’irrespect et l’impolitesse. C’est, on l’a dit maintes fois, une marque de fabrique qui permet d’identifier sans hésitation possible la prose des autorités algériennes.
L’injure étant le propre des faibles, le ton, le style et le langage du communiqué algérien révèlent en réalité le grand désarroi, la stupéfaction et l’amertume qui règnent en ce moment à Alger.
À défaut de pouvoir peser sur quoi que ce soit, le régime algérien se lamente, insulte, s’autorise des jugements de valeur et s’autoproclame donneur de leçons. Quand on manque cruellement d’arguments, on peut estimer que la décision française «relève manifestement d’un calcul politique douteux, d’un a priori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte et rien ne justifie.»
Arrivé à ce point, il ne restait plus, pour faire bonne mesure, qu’à qualifier la position française de «malvenue» parce qu’émanant d’un membre permanent du conseil de sécurité «sensé (sic) agir en conformité avec les décisions de cet organe.»
Le dernier volet du triptyque, après les regrets et les insultes, ne pouvait être que la menace. Alger s’est scrupuleusement conformé à son schéma habituel en avertissant que «Le Gouvernement algérien tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française.» Il ne manquait plus que la menace. Elle y est, formulée dans un style aussi opaque que le régime d’Alger et aussi maladroit : «[décision] dont le gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité.» Peut-il en être autrement ?
Alger divague. Alger perd tout sens de la mesure.
Le régime algérien, dans sa totale paranoïa, est arrivé à se convaincre qu’il est le seul à avoir raison dans son aventure saharienne, et tous les autres ont tort. Il se permet de tancer des gouvernements étrangers, d’abord celui de Madrid puis aujourd’hui, celui de Paris. Il s’autorise à critiquer leurs décisions et à les qualifier de tous les noms. De quel droit et à quel titre, on aimerait bien le savoir sachant qu’Alger n’est pas partie au différend du Sahara occidental Maroc. Ou si ?