Nombreux sont les pays qui se préoccupent aujourd’hui de l’environnement. En Afrique, cette préoccupation se traduit par la mise en place de certains projets pharaoniques. Mais, à l’intérieur du continent, d’autres pays tardent à suivre le rythme.
Le 4 décembre 2015, à la conférence de Paris sur le climat de la COP21, 10 pays africains sont montés sur le podium pour défendre la vision d’une Afrique désireuse de relever les défis écologiques. Ces représentants ont posé certaines conditions légitimes à la communauté internationale. «Est-ce légitime que les prescriptions pour la protection du climat soient dictées par ceux qui sont les premiers responsables de l’échauffement de l’atmosphère?» se demandait Moulay Rachid, frère cadet de Mohamed VI.
Sur le continent, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2015, l’Afrique a produit 1,9 milliards de tonnes de CO2 contre 5,4 milliards pour les États-Unis. En contrepartie de leurs engagements, les signataires de l’accord de Paris ont donc demandé des financements. Ce qu’ils ont obtenu. Un fonds de 400 milliards d’euros a été débloqué, sur quatre ans, pour soutenir le développement durable. Ce fond devrait permettre à l’Afrique de s’orienter vers une croissance verte, évolution vitale puisqu’elle est l’une des régions du monde où l’influence du changement climatique est le plus dévastatrice.
Parmi les pays les plus actifs en matière d’énergie verte en Afrique, se trouve le Maroc qui a accueilli la COP22 en 2016. C’est le pays qui respecte le mieux, jusque là, ses engagements. Près de Ouarzazate un plan pharaonique, Noor, voit le jour et produit de l’électricité verte grâce à de nouvelles installations photovoltaïques couvrant 42 % des besoins du pays. Ce qui a permis le rééquilibrage de la balance commerciale du royaume, autrefois grand importateur d’hydrocarbures : environ 90 % du total des importations.
D’autres pays comme le Sénégal suivent le chemin tracé par le Maroc. «J’appelle à une mobilisation générale pour forger l’image de nouveaux Sénégal avec des quartiers, des villages et des villes plus propres. En un mot Sénégal ‘´zéro déchet’», disait le président Macky Sall le 2 avril à Dakar alors qu’il était fraîchement élu au Palais. Le président entendait, par ces mots, mettre sur les rails l’une des priorités de son second mandat : le plan Sénégal émergeant (PSE) qui consiste en partie à rendre son pays à l’état vert. Il a ainsi appelé à une «reforestation durable du territoire national», le tout avec un budget colossal de 76 millions d’euros.
Le Sénégal devient alors le premier producteur d’électricité d’origine solaire en Afrique de l’Ouest – grâce à l’installation de 75.000 panneaux photovoltaïques d’une puissance de 20 MW et couvrant les besoins de 200.000 foyers à partir de l’énergie solaire.
Des efforts sont aussi entrepris au niveau régional avec de vastes transfrontalières comme le plan Muraille verte, qui, de Djibouti au Sénégal couvre 11 pays. Ce projet, lancé en 2015 par l’union africaine, vise à ralentir la désertification de la zone sahélienne et à améliorer les conditions de vie des populations grâce à la plantation de plus d’un million d’arbres.
Mais, si la plupart des pays du continent africain affiche des ambitions écologiques élevées certains ont le plus grand mal à atteindre leurs objectifs. En 2017 une étude sur la qualité de l’air menée par The Lancet, la revue médicale britannique classait la RD Congo et la Guinée Conakry respectivement à la 42ème et 43ème place sur 54 pays retenus.
Pour Seyni Nafo, haut représentant pour le climat du président malien, l’Afrique n’a plus le choix. Elle doit mettre l’accent sur une croissance verte car la hausse des températures fait baisser les rendements agricoles et accélère le processus de désertification. Le Mali dont 40 % du PIB dépend de l’agriculture est durement frappé par ce réchauffement.Pourtant actif sur la scène internationale le président Guinée Alpha Condé, qui a dirigé l’initiative africaine pour les énergies renouvelables, peine à trouver un équilibre entre croissance et développement durable. «Le boom de la bauxite en – 60 millions de tonnes produites en 2018 – provoque une grave érosion des sols dans la zone minière de Boké, dans l’ouest du pays.
Par conséquences, les populations font face à une détérioration de leurs conditions de vie: perte de terre cultivable, pollution de l’air, assèchement des nappes phréatiques … La situation est aussi la même en RDC Congo où en mars 2018 la centrale African Forest Initiative a suspendu ses versements au gouvernement congolais parce que celui-ci avait autorisé deux entreprises forestières chinoises à exploiter 650.000 hectares de forêts dans une zone protégée par moratoire adopté par Kinshasa en 2002.