Le Maroc entame sa deuxième semaine de confinement obligatoire depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire par les autorités, due à l’épidémie de coronavirus. Même s’il est prévu que le confinement prenne fin le 20 avril, cette date marque-t-elle réellement la fin des mesures de distanciation sociale ?
Le ministère de l’Intérieur a été clair : l’état d’urgence sanitaire durera un mois, et libre aux autorités de le reconduire une deuxième fois si cela s’avère nécessaire. Ainsi, nos chances de retrouver un train de vie normal est tributaire des progrès que nous réalisons en termes de jugulation de l’épidémie. Avant l’obligation de confinement général, les cas de coronavirus au Maroc étaient tous des cas importés de l’étranger, ou des personnes ayant contracté le virus auprès de personnes revenues de l’étranger. Mais ces derniers temps, des foyers de contamination locaux ont commencé à apparaître, jusqu’à constituer plus de 57% des cas contamination de recensés. D’où l’importance de rester chez soi, afin de ne pas perpétuer le cercle vicieux de la contamination.
Le Ramadan approche également à grands pas. Prévu pour le 25 avril cette année, le mois sacré est synonyme de communion et de rassemblement. Les mosquées sont plus bondées que d’habitude, les clients affluent sur les cafés le soir, les familles s’invitent pour le ftour, et les marchés sont pleins à craquer. Avant de rouvrir les mosquées, les cafés et permettre les rassemblements afin de reprendre nos habitudes traditionelles, sociales et religieuses, il est impératif que les grands chiffres de contamination soient derrière nous, au risque de voir ces habitudes joviales devenir destructrices.
Il n’est pas, non plus, exclu de voir une deuxième vague de l’épidémie nous frapper de plein fouet si les précautions nécessaires ne sont pas prises au préalable d’un retour à « la normale ». L’importance du dépistage massif a été scandée et re-scandée à plusieurs reprises. Jusqu’à présent, 70 personnes infectées mais asymptomatiques ont été détectées au Maroc. Asymptomatiques certes, mais toutes aussi contagieuses. Dépister massivement permet de ne plus avoir aucun doute sur la santé des malades potentiels, et ainsi, de ne pas laisser des « faux sains » libres contaminer la société. Cela évitera sûrement de voir des cas fleurir un peu partout, alors que nous croyons avoir dépassé l’épidémie.
Le monde entier s’accorde à le dire : lever le confinement trop tôt est dangereux. Cela rendrait vains tous les efforts mis en place pour juguler l’épidémie, et entraînerait un second pic des contaminations. Au Maroc, le confinement obligatoire, qui a été mis en place très tôt, s’est avéré efficace afin de limiter les cas de contamination. Nous sommes loin des 215.300 cas positifs et 5.000 décès recensés aux Etats-Unis, ou encore des 300.000 cas et 2.300 décès au Royaume-Uni, qui ont pris l’importance du confinement à la légère. Si jamais le confinement venait à être levé à la date prévue au Maroc, il sera encore plus nécessaire de procéder à plus de tests et à un isolement des personnes contaminées pendant une période de quatorze jours.
Un deuxième paramètre primordial afin de s’éviter une nouvelle vague de l’épidémie sera de garder les frontières terrestres, aériennes et maritimes fermées avec de nombreux pays, notamment les plus contaminés. Il s’agit d’éviter d’accueillir des cas importés, qui, comme nous l’avons constaté, mutent rapidement en cas locaux puis en foyers épidémiques. Jusqu’à quand ? Les épidémiologistes s’accordent à dire qu’un retour à la normale sera possible lorsqu’un vaccin sera mis en place et généralisé à toute la population mondiale. Là seulement, il sera possible de garantir que l’épidémie sera éradiquée, parce que le monde entier y sera immunisé.
En somme, l’enjeu sera donc d’adopter progressivement des mesures de distanciation sociale plus souples au fur et à mesure que nos chiffres liés au coronavirus se font plus petits. Sur une note plus optimiste, le Maroc est surement loin d’entreprendre des mesures de confinement prolongées jusqu’au 31 juillet comme l’Italie. Mais pour le moment, côté gouvernement, la réflexion sur le déconfinement – sera-il partiel ou total-ne semble pas avoir été entreprise.