La décision de la Cour d’appel administrative de Rabat d’invalider l’élection d’Imane Sabir, du parti de la Justice et du développement (PJD), à la tête du conseil communal de Mohammedia profite au RNI. L’arrêt, daté du 16 octobre, annule le verdict annoncé en première instance par le tribunal administratif de Casablanca, le 11 mars, qui a rejeté la demande de Mohamed Atouani (RNI) d’annuler l’élection d’Imane Sabir.
Le RNI revient à la charge alors que la période d’incertitude inaugurée par la décision inattendue d’évincer Imane Sabir change la donne. Imane Sabir, qui n’a dû son élection à la présidence du conseil communal de Mohammédia en 2018 qu’à l’appui de l’USFP, s’en trouverait écartée à son tour comme son prédécesseur, Hassan Antara.
Le Rassemblement national des indépendants souhaite profiter de ces événements et d’une combinaison de facteurs locaux pour entraîner un potentiel de stabilité en briguant la présidence de la circonscription de Mohammedia. Les conseillers communaux PJD qui, pour assoir leur domination à Mohammedia, déploient des activités souvent en articulation avec le dense tissu associatif gravitant autour d’une mise en réseau opaque, redoutent ce scénario.
L’expérience menée par le PJD au sein de la municipalité de Mohammedia montre une formation politique tenaillée par des stratégies peu claires dans, notamment, la gestion budgétaire, l’assainissement, les infrastructures. Les islamistes, s’ils revendiquent une représentativité populaire, se soucient peu des modalités techniques et économiques de la gouvernance de la ville. Les tactiques du PJD pour parer aux coups de son adversaire RNIste l’ont obligé à se mettre à nu : contraintes, intimidations, utilisation des ressources publiques lors de la campagne électorale et finalement parodie de jeu démocratique avec l’instabilité de l’appareil décisionnel de circonscription depuis 2015.
Le choix du président de la circonscription de Mohammedia résulte le plus souvent de compromis âprement négociés entre coalitions plus ou moins hétéroclites. Le RNI, fort de ses appuis locaux et départementaux et, plus largement, de ses appuis partisans au sein des instances de la ville, souhaite s’emparer du fief du chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani.