Le roi Mohammed VI a opté pour la concertation et la recherche du consensus dans le traitement de certains dossiers nationaux d’une grande sensibilité et impactant directement, sinon tout le peuple marocain, de fortes proportions de la population.
Ces choix ont guidé toute son action, depuis le début de son règne, en recherchant l’adhésion du peuple marocain tout entier ou celui de larges franges de la population. La consultation de la population, via d’autres relais, outre ses représentants élus, a constitué au fil des années, un mécanisme pour l’élaboration et la prise de décisions rationnelles, justes et réalistes qui puissent servir au plus haut point, l’intérêt national suprême.
Il n’a pas hésité un seul instant à réintégrer et à réhabiliter d’anciens opposants et d’anciens détenus et à les associer à la gestion de certains dossiers sensibles, qui entachaient la crédibilité de notre pays à l’international, sur le registre des droits de l’homme notamment, dont Abraham Serfaty, le premier à rentrer au pays, immédiatement après l’intronisation du nouveau souverain. Le roi Mohammed VI a ordonné l’ouverture d’investigations et des auditions publiques sur ce qui fut baptisé «les années de plomb», afin d’amorcer une ère nouvelle, une ère de l’État de droit, du respect des libertés individuelles et collectives, et en enjoignant l’autorité de se mettre au service du citoyen. Cette tâche d’investigation a été elle-même confiée à d’anciens détenus, qui ont volontiers rallié cette nouvelle ère pour la construction d’un Maroc nouveau et libre. L’assainissement de ce dossier constituait le socle sur lequel seront construits le nouveau règne et le Maroc nouveau.
Dans tous les dossiers de préoccupation majeure, le roi avait mis en place de larges commissions, appelées à étudier les thématiques posées et d’en lui adresser leurs rapport. Ces commissions étaient composées de personnalités d’horizons divers (Marocains de l’intérieur et de l’étranger, des universitaires, des écrivains, des artistes, des oulémas, la femme, le mouvement associatif).
La Moudouana, un chantier audacieux
Outre la réconciliation nationale, une œuvre réussie, calquée par la suite dans le voisinage immédiat, l’un des actes majeurs du règne aura été la refonte de la Moudouana. Il aura fallu beaucoup d’audace pour entreprendre ce chantier, par ailleurs très sensible, avec une dimension religieuse. Après plusieurs années, et bien que la Moudouana, suscita le bonheur de la femme marocaine, il était temps de reprendre ce chantier, pour en améliorer les applications.
La concertation aura également été de mise, dans la révision de la Constitution, en 2011, puisqu’il fut appel à plus d’une centaine d’intellectuels marocains, dont des expatriés, qui auditionnèrent, pendant des semaines, des sphères d’horizons diverses. Au bout du compte, la nouvelle Constitution fait figure d’une charte très en avance par rapport aux anciens lois fondamentales adoptées par notre pays. Le changement était perceptible, puisque les législatives organisées dans le sillage de la nouvelle Constitution furent remportées par un parti politique restée longtemps dans l’opposition.
Autre dossier majeur, étudié dans le cadre d’une large Commission nationale, suivie d’auditions diverses, fut la stratégie de développement.
La concertation et la recherche du consensus auront ainsi été adoptées dans le traitement de tous les dossiers majeurs. La concertation entreprise au sein des Commissions nationales constitue un gage de succès de ces chantiers. Elle est en même temps, une négation de l’unilatéralisme dans l’élaboration des décisions qui, de surcroît, concernent toute la nation.
*Journaliste et écrivain
**Ancien directeur de l’information de la MAP