La conférence internationale sur la Libye qui se tient à Paris ce vendredi 12 novembre connaît la participation du chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita qui, à un mois et demi de la présidentielle du 24 décembre, cherche à capitaliser sur les résultats positifs des pourparlers ayant réuni au Maroc des parlementaires des camps rivaux libyens, lesquels ont débouché sur d’importants compromis.
La conférence internationale sur la Libye qui se tient à Paris vendredi 12 novembre 2021 s’inscrit dans un processus de médiation internationale dans la crise libyenne, et connaît la participation du chef de la diplomatie Nasser Bourita. «Le royaume parie ainsi sur le créneau de l’impartialité, à l’instar de l’ONU, alors que les nombreux médiateurs du dossier libyen ont souvent été accusés de chercher à favoriser leurs intérêts politiques et économiques lors des multiples négociations» avait noté avec justesse le magazine Jeune Afrique.
Selon l’Elysée, la conférence de Paris est co-présidée par l’Allemagne, l’Italie, la France, les Nations-Unies et la Libye. Nasser Bourita y prendre part, dont les efforts sous l’égide du roi Mohammed VI ont permis à des représentants du Haut Conseil d’État (organe consultatif du gouvernement d’entente nationale — GNA –, basé à Tripoli) et de la Chambre de représentants (le Parlement libyen reconnu et basé à Benghazi) de s’entretenir face à face.
L’objectif de la conférence de Paris est de soutenir les élections, prévues le 24 décembre 2021 pour la présidentielle, et rendre le processus électoral incontestable et irréversible face à ceux qui essaient de faire dérailler le processus, selon les mots de la présidence française. La diplomatie chérifienne a considéré d’ailleurs que «la réconciliation est un long processus qui évolue graduellement. Aujourd’hui, c’est de légitimité institutionnelle qu’il faut s’occuper en priorité».
Début octobre 2021, le Parlement a décidé de reporter les élections parlementaires à un mois après la présidentielle du 24 décembre. Mais la tenue de la présidentielle à sa date initiale reste aussi sujet à caution. Ces incertitudes qui pèsent sur le calendrier électoral résultent de divergences libyennes héritées de la lutte entre les deux camps rivaux de l’ouest et de l’est de la Libye.
Lors d’une interview à l’occasion du sommet de l’Union africaine en février 2020, Nasser Bourita avait rappelé que «Skhirat a été le seul [rendez-vous] qui n’était pas une conférence internationale mais un dialogue libyen, sans autre supervision que celle des Nations unies». «Le Maroc développe une approche légaliste et prône la non-ingérence et la souveraineté en Libye», observe un familier de la diplomatie chérifienne, qui, selon Jeune Afrique, évoque ainsi une «neutralité active». La nomination le 19 août du Marocain Mohamed Aujjar à la tête de la Mission onusienne d’établissement des faits en Libye (FFML) a confirmé le rayonnement de la position marocaine.
Les accords de Skhirat conclus le 17 décembre 2015 ont permis la création du Gouvernement d’entente nationale, lequel était censé organiser des élections pour doter la Libye d’un pouvoir qui unifiera le pays. «Peut-être que la crise libyenne est l’occasion pour certains d’offrir un rayonnement à leur diplomatie, avait réagi le ministre (…) Les Libyens, au lieu de se consacrer à résoudre leurs problèmes, sont en train de se battre pour répondre aux invitations de différents pays qui leur disent “Venez faire la photo chez nous”. Or ça ne fonctionnera pas comme ça», avait-il alors ajouté.
Ramtane Lamamra, dont le pays veut s’imposer de force dans ce dossier, a annoncé que «l’Algérie prendra part à la conférence» internationale sur la Libye, «mais pas au niveau du président de la République», Abdelmadjid Tebboune.
«Les conditions ne sont pas réunies pour qu’il participe personnellement à cette conférence, en dépit de son attachement au rôle actif de l’Algérie aux côtés des frères libyens ainsi qu’au règlement pacifique et démocratique escompté de la question libyenne», a ajouté le ministre à l’issue d’une rencontre à Alger des chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes, prouvant encore une fois que les humeurs personnelles dictent la diplomatie algérienne.