La Tunisie a annoncé mi-décembre avoir «obtenu» un prêt de 300 millions de dollars de l’Algérie, à la veille d’une visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune à Tunis. Pour le moment, la Banque centrale tunisienne n’a rien reçu.
Selon la dernière édition en date du Journal officiel de la République tunisienne, le président Kais Saied a ratifié par décret un protocole financier, conclu le 9 décembre, relatif à l’octroi par l’Algérie à la Tunisie «d’un prêt» d’un montant de 300 millions de dollars, soit 266,2 millions d’euros. Cette annonce est survenue à la veille d’une visite de deux jours que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a effectuée en Tunisie. Un déplacement controversé qui a suscité beaucoup de commentaires.
Selon les observateurs tunisiens, la Banque centrale n’a pas encore reçu les fonds algériens promis, alors que la Tunisie est confrontée à une grave crise économique, avec une instabilité qui perdure, freinant les ardeurs des investisseurs et des bailleurs de fonds. Le dépôt algérien, supposé soutenir le dinar tunisien, atténuer les pressions qu’il subit alors que la Tunisie est confrontée depuis plusieurs années à des pénuries de devises étrangères, est pour le moment inexistant.
Le pays a connu une grave crise politique cet été quand le président Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs avec le limogeage brutal du gouvernement et la suspension indéfinie du Parlement dominé par le parti d’inspiration islamiste Ennahda. Kaïs Saïed a annoncé dans la foulée le prolongement de cette suspension jusqu’à la tenue de nouvelles élections en décembre 2022.
La crise économique tunisienne, caractérisée par une croissance en berne depuis 10 ans (0,6 % par an en moyenne) et une forte inflation de 6 % par an, a été aggravée par la pandémie qui a mis le pays à l’arrêt ave la raréfaction des recettes touristiques. L’État doit aussi faire face à la charge de son endettement croissant auprès des banques et des institutions étrangères, et financer un coûteux dispositif de subventions aux produits de base. La dette tunisienne grimpe et la monnaie, le dinar, perd de sa valeur depuis plusieurs années.
Pour rebondir, à côté des aides reçues notamment de l’Union européenne, Tunis, malgré les critiques, se tourne pour la quatrième fois en 10 ans vers le FMI, dont elle espère obtenir avant la fin de l’année un prêt de près de 4 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros).