Le Parti de la justice et du développement (PJD) a organisé, jeudi sous la présidence d’Abdelilah Benkirane, une réunion dite d’encadrement médiatique de la campagne électorale du parti, en prévision du scrutin législatif du 7 octobre prochain.
Ce « conseil de guerre » auquel a pris part une soixantaine de cadres du PJD dont des « lieutenants » ministres, a permis au grand manitou, Abdelilah Benkirane, d’annoncer la couleur. En guise de bilan de son « règne » de cinq ans dont presque deux marqués par du surplace, Benkirane, modestie à part, a rassuré ses ouailles en leur assénant, tout de go, que le PJD a réalisé « plusieurs choses pour l’intérêt de l’état, du citoyen et de l’entreprise ». A titre de comparaison, il a affirmé, sans sourciller, qu’avant son arrivée au pouvoir, « l’état ne se souciait guère des couches défavorisées », avant d’afficher sa confiance quant à la capacité du parti de remporter le prochain scrutin. Et le chef du gouvernement et du PJD d’égrener la liste de ses réalisations : généralisation de la couverture sociale, réforme de la retraite, de la caisse de compensation etc… Autant de réalisations et de réformes que « les citoyens ne perçoivent pas mais que les milieux avertis en sont conscients », selon Benkirane qui a appelé les membres de sa tribu a davantage de vigilance et à éviter les erreurs, à l’instar de celles commises par une des brebis galeuses du parti en l’occurrence Elhabib Choubani, qui a donné le tournis à son chef à cause de ses scandales à répétition.
Après le chef, c’était au tour du « lieutenant » Mohamed Yatim d’orienter ceux chargés de mener la bataille sur le terrain médiatique et communicationnel.
Première consigne : persuader l’électorat de la pertinence du bilan du parti sur les plans gouvernemental, parlementaire et communal.
Ensuite, faire comprendre aux électeurs que la stabilité du royaume est tributaire de la reconduction du parti à la tête du gouvernement et que le plébiscite des tenants de la logique du fameux « tahakkoum » (autoritarisme) aurait des conséquences désastreuses sur la démocratie et l’avenir du pays. Qu’à dieu n’en plaise. Si on comprend bien la logique du PJD, le Maroc risque de basculer dans la violence si Benkirane et compagnie ne rempilent pas.
En tout cas, le PJD est plus que certain que son rival et ennemi juré, le PAM ne dispose par des atouts d’un parti alternatif au PJD car constituant « une entité qui menace les fondements de la société ».
Autre consigne et non des moindres, expliquer aux électeurs que le PJD, tel un messie, a pris les commandes du gouvernement dans le contexte du « printemps arabe », tout en rappelant à ces mêmes électeurs que le PJD n’use aucunement de chantage à l’égard de l’état, faisant remarquer au passage qu’il s’est abstenu de prendre part à l’élan d’agitation du « mouvement 20 février ».
Faire comprendre aux électeurs que la stabilité du royaume est tributaire de la reconduction du parti à la tête du gouvernement, n’est peut-être pas une forme de chantage pour Mohamed Yatim. Bref, ce coach du PJD n’a pas manqué d’appeler ces chargés de la communication à être dans de bonnes dispositions psychiques en abordant la compétition avec un mental de gagnant, forts qu’ils sont de « tous les sondages d’opinion qui accréditent le PJD d’une victoire certaine ».
Après Yatim, c’était au tour de Mustapha El Khalfi de s’adresser, comme à l’accoutumée avec sa langue de bois, à ceux censés convaincre les électeurs. Ces pauvres ont certainement dû s’ennuyer en écoutant El Khalfi avant d’être sauvés par Aicha Abbassi. Celle-ci, telle une habilleuse et une maquilleuse de télévision, a conseillé à ses guerriers de la communication à mieux choisir leurs habits en prévision de l’assaut des plateaux de télévisions « en fonction des émissions (jeunes ou autres) » tout en faisant en sorte de respecter « le référentiel partisan et l’identité musulmane ». Alors jeans, ou Djellaba pour les hommes ?, Jupe serrée ou robe longue pour les femmes ? On verra.
Et puis, et c’est la chose la plus importante d’après cette coach : « l’adoption d’une posture droite en évitant les tics qui pourraient tourner au ridicule en présence de photographes malintentionnés ». Ajouter à cela, « la maitrise des profils des contradicteurs et des modérateurs » des émissions auxquelles ils seront invités, et la mise à profit des émissions en question pour transmettre des messages politiques loin de toute propagande, tout en esquivant les provocations et les questions-pièges.
Et pour terminer, il a fallu à ces pauvres communicateurs de se taper, en guise de dessert, l’hyper nerveux Lahcen Daoudi qui a préconisé une stratégie offensive, tandis qu’ Abdessamad Sekkal a mis l’accent sur la nécessité d’investir dans « la notoriété d’Abdelilah Benkirane en tant que symbole très porteur sur le plan électoral ».
Alors intachirou, à l’assaut!