Le PJD, confronté à ses dissentions internes, a dénoncé «les violations et irrégularités» qui ont émaillé les dernières élections générales au Maroc, où il a essuyé une déroute historique, selon un communiqué diffusé dimanche 19 septembre. Une sortie démontrant un parti imperméable à toute autocritique.
Le Parti de la justice et du développement (PJD) a dénoncé, dimanche 19 septembre, «d’obscures péripéties ainsi que les irrégularités qu’ont connues les élections», dont «l’usage massif de l’argent», «la manipulation des procès verbaux» ou encore «les noms rayés des listes électorales ou ceux y figurant doublement», accuse le communiqué sanctionnant une session extraordinaire du conseil national du PJD tenue samedi à huis clos.
Ces «formes de corruption électorale» ont «abouti à l’annonce de résultats qui ne reflètent pas la teneur de la cartographie politique et la libre volonté des électeurs», estime le PJD, qui a déploré «une régression de notre expérience démocratique». Selon le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, les opérations de vote se sont déroulées «dans des circonstances normales», hormis «des cas isolés».
Que d’inconsistances, de revirements et de contradictions brusquement mises à nu à la suite de la défaite du PJD. Que d’impuissances et de vaines ambitions prises en flagrant délit dans la déroute d’un parti refusant toute autocritique. Depuis le 8 septembre, la scène politique a eu sous les yeux tous ces humiliants spectacles : l’effarement incompréhensible de la direction d’un parti contestant le jeu démocratique quand il ne sert pas ses intérêts, l’âpreté vulgaire de ses dirigeants, l’ardeur des compétitions intéressées pour s’emparer de ses rênes, sa ligne en déshérence et en défaillance, tandis que ses lieutenants historiques, dans la peine et dans le péril, auteurs de cette débandade sans précédent, restent dans le déni.
Au pouvoir depuis une décennie, le PJD, dont l’action publique a été contestée de tous les bords, s’est effondré aux législatives, passant de 125 sièges à 13 sur un total de 395. L’ampleur inattendue de la défaite s’est confirmée avec les élections locales, tenues le même jour: le parti a dégringolé de 5 021 élus à 777 aux communales et de 174 sièges à 18 aux régionales contre 174.
Le PJD «est à un tournant important où nous pouvons questionner nos choix (…) sans succomber à la psychologie de la défaite», a dit samedi son secrétaire général démissionnaire, Saad Dine El Otmani, dans la réunion à huis clos. Le parti a convoqué un congrès extraordinaire «fin octobre» qui choisira une nouvelle direction après la démission collective du secrétariat général au lendemain de la débâcle électorale.
«Nous sommes encore sous le choc. C’est comme si le parti était en réanimation, mais nous ambitionnons de le ressusciter», a promis la responsable controversée du PJD, Amina Maelainine. Le PJD s’était endormi sur la foi des discours confiants du président du conseil sortant, il se réveillait en face d’une apparence de désastre, tout au moins d’une gueule de bois aussi pénible qu’inattendue et une série de déclarations énigmatiques, confuses, tumultueuses, publiées coup sur coup, laissaient l’impression d’une implosion sérieuse pour ses troupes. Les mises en accusation sans fondement comme remède pour éviter toute rétrospective.