La pandémie du coronavirus, le cygne noir de 2020, a percuté l’économie nationale, déjà fragilisée par la sécheresse et pénalisée par la baisse des recettes touristiques, des IDE et des transferts des MRE. Toutefois, il semble que certains secteurs tirent profit de la panique générée par cette crise sanitaire.
Si le coronavirus prélude d’une récession économique, les entreprises offrant des services « stay-at-home », les fournisseurs d’accès à internet, les groupes du secteur de la grande distribution ainsi que les commerces essentiels sont, sans surprise, en pleine forme. Toutefois, ces pics ne vont pas être traduits par une augmentation conséquente des recettes sur le moyen terme puisqu’ils vont être révisés à la baisse dès la fin de la crise.
Face à la menace du covid-19, plusieurs personnes s’approvisionnent de peur que la situation épidémique ne persiste. Les rayons des grandes surfaces sont quotidiennement dévalisés et les clients n’hésitent pas à acheter deux ou trois fois certains produits. Les achats de précautions, tels que les légumineuses, les pâtes et le riz, font l’objet d’une forte demande.
Pourtant, le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, a assuré que « les chaînes d’approvisionnement industrielles ne prévoient pas de perturbations à grande échelle à court terme, des voies alternatives étant assurées par les acteurs concernés » et que son département agit pour rassurer les citoyens quant à la situation de l’approvisionnement national qui ne doit prêter à aucune inquiétude. Les commerces essentiels profitent également de cette crise puisque la population, frappée d’une terreur nourrie par des rumeurs et des fake news, a fait le plein de réserves et s’approvisionner en quantités faramineuses de divers produits.
Il se trouve aussi que les e-commerce vont bientôt profiter davantage de cette crise épidémique. L’état d’urgence sanitaire déclarée poussera les gens à s’orienter de plus en plus vers l’achat en ligne des produits de première nécessité pour éviter de se déplacer. Dans ce sens, les applications de livraison vont également tirer parti de cette pandémie. L’effet est encore discret, mais il pourrait prendre de l’ampleur si le covid-19 progresse.
Le covid-19, qui a fait exploser la demande sur le commerce alimentaire, a fait également grimper la demande pour certains produits sanitaires tels que les solutions désinfectantes et les masques de protection. Ce qui a conduit à une hausse vertigineuse du prix de ces articles. Face à cette situation, le gouvernement a publié, le 17 mars dernier, le décret permettant d’encadrer le prix des gels hydroalcooliques. Les prix varient désormais entre 15 dirhams pour le flacon de 50 ml et 140 dirhams pour celui de 2 litres. Pour les ventes en gros, les prix varient entre 50 dirhams et 200 dirhams le litre.
Par ailleurs, les loisirs accessibles depuis chez soi vont vivre une période faste. Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes annoncent tromper leur ennui avec des jeux vidéo et avec les multiples services streaming. Les fournisseurs d’accès à internet vont donc profiter également de cette crise. Toutefois, il faut souligner que les mesures de confinement pourraient finir par congestionner les réseaux et restreindre à terme notre accès à Internet. Rappelons que les services vidéo peuvent représenter jusqu’à 60% du trafic internet sur les réseaux fixes et mobiles. Or, il faut éviter les engorgements et alléger la pression sur les infrastructures, en cette période de crise, qui impose le recours en masse au travail à distance.
Pour rappel, le Comité de veille économique a adopté plusieurs mesures pour les entreprises et les salariés qui sont impactés par la crise provoquée par la pandémie du covid-19. Sur le plan de la fiscalité, deux décisions importantes ont également été prises. Elles portent sur les entreprises dont le chiffre d’affaires de l’exercice 2019 est inférieur à 20 MDH, les contrôles fiscaux et les ATD (avis à tiers détenteur). Les entreprises précitées pourront, si elles le souhaitent, bénéficier d’un report du dépôt des déclarations fiscales jusqu’au 30 juin 2020. Les contrôles fiscaux sont également suspendus ainsi que les ATD jusqu’au 30 juin prochain. Ce comité va tenir aujourd’hui une réunion qui sera consacrée à l’examen d’une nouvelle série de mesures qui va être mise au profit des salariés non affiliés à la CNSS et qui opèrent dans le secteur informel.