Les dirigeants européens devraient se réunir et mettre leurs profondes divergences à table, jeudi, lors d’un sommet consacré aux solutions pour sortir l’UE de la récession engendrée par le coronavirus.
Les discussions débuteront à 13H00 GMT. La relance de l’économie européenne après la pandémie grâce à des investissements massifs, voire un « fonds » spécifiquement dédié, en est un sujet phare. De l’avis de tous, un tel plan de relance devrait atteindre plusieurs centaines de milliards d’euros.
Sur le reste, de son montant exact à son financement, en passant par son lien (ou non) avec le budget à long terme de l’Union européenne, un consensus semble en l’état inatteignable. Etats membres et institutions ont rivalisé d’imagination ces dernières semaines pour proposer chacun leur solution. Le débat a surtout fait réapparaître de vieux clivages, déjà présents après la crise financière de 2009.
D’un côté les pays du Sud, fortement endeuillés par la pandémie comme l’Italie et l’Espagne, réclament davantage de solidarité financière. De l’autre, les pays du Nord, en particulier l’Allemagne et les Pays-Bas, moins touchés par le virus, qui rechignent à payer pour des Etats à qui ils reprochent leur manque de discipline budgétaire pendant les années de croissance.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a promis jeudi, « dans un esprit de solidarité », des « contributions beaucoup plus importantes » de son pays au budget de l’UE, sur « une période limitée ». Elle a, cependant, de nouveau exclu toute mutualisation des dettes nationales, réclamée, sous des formes variées, par Madrid, Rome et Paris. L’intérêt de la mutualisation des dettes pour les pays du Sud de l’Europe, c’est de bénéficier des taux d’intérêt peu élevés des pays du Nord, afin de financer l’après-crise.
Preuve de leurs divergences, les 27 ne devraient même pas chercher à adopter une déclaration commune à l’issue de ce sommet en visioconférence. La France, de son côté, n’attend pas d’accord avant l’été. Elle juged’abord nécessaire « une réunion physique des chefs d’Etat et de gouvernement », possiblement en juin.
Dans sa lettre d’invitation aux chefs d’Etat et de gouvernement, le président du Conseil européen Charles Michel, « suggère de se mettre d’accord pour travailler sur un fonds de relance aussi vite que possible ». Mission pourrait être confiée à la Commission européenne de travailler rapidement sur le sujet, ce qui constituerait alors « le principal résultat du Conseil », anticipe une source européenne.
L’exécutif européen doit présenter le 29 avril une proposition de budget européen pour 2021-2027 adapté à la crise et qui pourrait inclure un tel fond. Ce budget doit en principe être adopté d’ici la fin de l’année, mais il divise là aussi les Etats membres, selon le même clivage.
La pandémie a percuté de plein fouet les économies. L’UE, dont les populations sont confinées dans la plupart des pays, devrait enregistrer une chute record de son PIB de 7,1% cette année, selon les prévisions du FMI. La crise qui menace les 19 pays de la zone euro risque d’être la pire de la courte histoire de la monnaie unique lancée en 1999.