Le coronavirus continue de se propager à vive allure sur la planète : le nombre de cas dépasse désormais les 110.000 dans le monde, avec plus de 4.000 morts. Face à la prolifération du coronavirus, le Maroc a mis en place un plan national de veille et de riposte à l’infection au Covid-19 puisqu’il ne semble pas être paré à tous les risques.
Dès la déclaration de cas d’infection au SARS-CoV-2, le Maroc a mis en place un comité national de pilotage. Le degré de vigilance a été, par la suite, élevé puisque le risque d’importation du virus a augmenté étant donné que plusieurs pays proches du Maroc, tels que l’Espagne, la France et l’Italie, ont été contaminés.
La menace de prolifération du coronavirus au Maroc est prise avec le plus grand sérieux. Le pays est aujourd’hui dans la première phase de son plan de veille et de riposte et passera à la deuxième si le nombre de cas suspects dépasse les 200 cas et celui des confirmés, 50. Le pire scénario que l’on pourrait envisager, c’est enregistrer jusqu’à 10.000 cas de contamination au coronavirus, selon les dires de Mohamed Lyoubi, directeur de la direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé.
Petit retour en arrière. Dans le cadre des mesures préventives contre la propagation du coronavirus, le gouvernement a décidé, le 5 mars dernier, de suspendre toutes les activités culturelles, sportives, colloques et autres rencontres connaissant la participation de 1.000 personnes ou plus. Le Royaume a également décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre tous les vols en provenance et à destination du territoire italien. Des mesures que Jaâfar Haïkal, épidémiologiste et expert en management sanitaire, juge adéquates et qui correspondent à la situation épidémiologique actuelle au Maroc.
Pour l’épidémiologiste, qui a répondu aux questions de Barlamane.com/fr, la situation épidémiologique au Maroc, à l’heure actuelle, ne suscite pas d’inquiétudes. Par contre, elle nécessite toujours de la vigilance. « Aujourd’hui, il faut préparer les structures de soin et les professionnels de santé à avoir la capacité de gérer plusieurs dizaines voire de centaines de cas lorsque nécessaire. Pour le moment, il faut que les citoyens respectent les mesures de prévention pour réduire les risques de contamination. Les deux choses sur lesquelles il est primordial d’insister sont : l’hygiène des mains et l’éviction des personnes visiblement malades. Il s’agit de deux mesures simples et de bon sens qui permettraient de limiter grandement la propagation du virus », a-t-il indiqué dans une déclaration à Barlamane.com/fr.
Alors que trois cas de coronavirus sont confirmés au Maroc, la crainte d’une propagation du virus augmente. Des fermetures de frontières avec tous les pays, où sévit le coronavirus, sont à l’ordre du jour. Toutefois, l’expert en management sanitaire note que plusieurs travaux réalisés par des épidémiologistes montrent que fermer les frontières n’était pas aussi efficace que cela en a l’air. Pour que cette mesure soit quelque peu efficiente, une mise en oeuvre très compliquée à réaliser doit être dressée. Car, et cela tombe sous le sens commun, les virus n’ont pas de passeport et peuvent passer les frontières. « Il faut évidemment prendre des précautions et éviter des flux migratoires dans les deux sens quand il y a des situations épidémiques particulières. Mais on constate que le Maroc n’a pas suspendu ses vols en provenance et à destination de plusieurs pays touchés par l’épidémie, notamment la France, la Belgique et l’Allemagne puisque la situation épidemiologique actuelle ne l’exige pas », a-t-il expliqué.
« A l’heure qu’il est, la situation ne nécessite pas des mesures de confinement, de fermeture totale des écoles et des universités ou quoi que ce soit de ce genre-là. Elle nécessite plutôt la vigilance et l’adoption des mesures d’hygiène de base telles que le lavage des mains et le nettoyage de surfaces. Jusqu’à présent, le Maroc a adopté ces mesures de base de vigilance sans excès. Il faut aujourd’hui continuer à communiquer sans panique et renforcer les infrastructures sanitaires pour pouvoir faire face à toute propagation potentielle », a-t-il indiqué.
D’après M. Haïkal, lorsque la situation épidémiologique l’exigera, le Maroc, à travers les ministères de la Santé et de l’Intérieur ainsi que les autres départements ministériels concernés, prendra les mesures qui s’imposeront. Pour lui, le plus dangereux virus qui circule plus vite que n’importe quel autre et qui est beaucoup plus contagieux, est l’infox ou l’intox.
Soulignons que malgré le danger que présente le nouveau coronavirus, il demeure moins étendu que d’autres maladies ; telles que la grippe saisonnière qui cause annuellement des décès entre 280.000 et 650.000. Depuis l’apparition du nouveau coronavirus en décembre dernier, 114.151 cas d’infection ont été recensés dans 105 pays et territoires, causant la mort de 4.012 personnes. La Chine, sans les territoires de Hong Kong et Macao, où l’épidémie s’est déclarée, a dénombré 80.754 cas, dont 3.136 décès et 59.897 personnes aujourd’hui guéries.