La vague du coronavirus déferle sur la France. Le pays évacue des malades graves de l’Est du pays alors que l’Ile-de-France approche à son tour de la saturation face à l’épidémie, qui a déjà fait quelque 1.700 morts dont une fille de 16 ans devenue la plus jeune victime.
Pour soulager les hôpitaux débordés du Grand Est, principal foyer de la maladie, une nouvelle évacuation aérienne est organisée au lendemain d’un transfert inédit par TGV médicalisé de malades vers le Centre et l’Ouest du pays, moins touchés. Et alors que le pic épidémique n’est toujours pas atteint, avec 548 nouveaux patients placés en réanimation en 24 heures selon le dernier bilan jeudi soir, et 2.365 nouveaux patients hospitalisés pour un total de près de 14.000, c’est désormais l’Ile-de-France qui atteint ses limites.
« On pousse les murs partout pour accueillir le plus possible ces patients en réanimation, (mais) on n’est pas encore au plateau de la courbe de l’épidémie, il va falloir trouver des solutions, » a averti vendredi matin le professeur Bruno Riou, directeur médical de crise de l’AP-HP (hôpitaux de la région parisienne).
Jeudi soir, le dernier bilan s’élevait à 1.696 morts du Covid-19 enregistrés à l’hôpital depuis le début de l’épidémie fin janvier, et 3.375 patients en réanimation, soit 548 cas en une journée, sur un total de 13.904 patients hospitalisés en France. Mais ces chiffres ne prennent pas en compte les malades décédés chez eux ou en maison de retraite. Or la situation est particulièrement cruelle dans ces établissements, où le nombre exact de décès n’est pas connu, mais se chiffre a minima en dizaines.
Fait inédit dans ce dernier bilan, la mort d’une adolescente, Julie A., 16 ans, décédée à l’hôpital Necker à Paris, plus jeune victime à ce jour de l’épidémie en France. Julie avait « juste une toux », elle a ensuite été hospitalisée, avant de décéder. Cette information est importante, puisque les formes sévères chez les sujets jeunes sont extrêmement rares. Mais, même si la population des plus jeunes a un risque individuel extrêmement faible, avec le fait que la population touchée augmente, naturellement l’hypothèse qu’il y ait quelques patients très sévèrement atteints parmi les plus jeunes n’est pas exclue.
Nous sommes dans « une crise qui va durer, une situation sanitaire qui ne va pas s’améliorer rapidement », a renchéri le Premier ministre Édouard Philippe à l’issue d’une réunion de crise du gouvernement par visioconférence. « La vague épidémique qui déferle sur la France (…) est une vague extrêmement élevée et elle soumet l’ensemble du système de soins, l’ensemble du système hospitalier, à une tension redoutable ».
« Il va falloir tenir », a-t-il avertit, alors que l’exécutif devrait annoncer prochainement le prolongement du confinement général de la population, initialement décrété jusqu’à mardi. Le Conseil scientifique sur le Covid-19 a déjà recommandé un total de six semaines, soit jusqu’à fin avril. Les autorités entendent le faire strictement respecter et plus de 225.000 procès-verbaux ont déjà été dressés pour violation du confinement pour 3,7 millions de contrôles, selon le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.
Le Premier ministre s’est également engagé à faire samedi, lors d’une conférence de presse avec le ministre de la santé Olivier Véran, un point « transparent » sur la situation sanitaire, notamment la pénurie de masques ou la question controversée des tests, que la France n’a pas généralisés, faute de moyens plus que par stratégie selon de nombreux spécialistes.






