Le régulateur du médicament aux Etats-Unis (FDA) a autorisé dimanche contre le coronavirus, uniquement à l’hôpital, la chloroquine et l’hydroxychloroquine, traitements antipaludiques sur lesquels le président Donald Trump fonde les plus grands espoirs.
Le président américain avait vanté le 24 mars les mérites de ce médicament. « Il y a de bonnes chances que cela puisse avoir un énorme impact. Ce serait un don du ciel si ça marchait », avait-il déclaré. Un médecin français controversé, le Pr Didier Raoult, défend ce traitement, et a avancé des études qui n’ont pas entièrement convaincu la communauté scientifique.
Deux corps médicaux américains, l’Institut national de la Santé (NIH) et l’Autorité pour la recherche-développement dans le domaine biomédical (Barda), travaillent sur des essais cliniques. Un essai selon le protocole du Pr Raoult, avec l’hydroxychloroquine et l’azithromycine (un antibiotique) doit bientôt démarrer à New York. Les Etats-Unis a plus de 140.000 cas et 2.489 morts, selon le comptage de l’université Johns Hopkins.
Donald Trump a estimé dimanche que la mortalité liée au coronavirus aux Etats-Unis atteindrait son pic « probablement » dans deux semaines, tout en prolongeant jusqu’au 30 avril des recommandations de distanciation sociale. Selon l’université Johns Hopkins, dont le comptage fait référence, plus de 139.000 cas positifs au Covid-19 ont été officiellement déclarés jusqu’ici aux Etats-Unis, un record à travers le monde. Le nombre total de décès s’élevait dimanche soir à 2.436.
Lors d’une conférence de presse depuis les jardins de la Maison Blanche, M. Trump a mêlé propos optimistes sur une « reprise » début juin et mises en garde contre toute précipitation. « Nous prolongerons nos recommandations jusqu’au 30 avril pour ralentir la propagation », a-t-il affirmé. Le milliardaire républicain révise ainsi sa position exprimée en début de semaine dernière: il avait alors affirmé qu’il souhaitait faire redémarrer l’économie des Etats-Unis pour Pâques, soit le 12 avril.
Selon les estimations du Dr Anthony Fauci, conseiller du président américain sur la pandémie, le Covid-19 pourrait faire « entre 100.000 et 200.000 » morts au sein de la première puissance mondiale. Cet éminent immunologiste, venu contredire à plusieurs reprises les propos infondés du président américain, est devenu une figure anti-désinformation aux Etats-Unis. Mais cela lui vaut désormais d’être attaqué par l’extrême droite et les partisans de Trump.
Plus soucieux des répercussions économiques que de la crise sanitaire elle-même, Donald Trump n’hésite pas à atténuer par les mots l’impact réel du coronavirus sur les américains. Ceux-ci se sont tournés vers le Dr Anthony Fauci, qui pour eux, est désormais le seul capable de lutter contre la désinformation de Donald Trump. Tous les soirs, le médecin âgé de 79 ans, par ailleurs directeur de l’Institut national des maladies infectieuses, informe ses concitoyens sur l’évolution de la situation, donnant des informations qui, parfois, contredisent celles du président.
Début mars, par exemple, Donald Trump avait affirmé la disponibilité d’un vaccin d’ici quatre mois. Une annonce démentie instantanément par le docteur Fauci. « Comme je vous l’ai dit Monsieur le président, il faudra un an à un an et demi avant de distribuer un vaccin efficace et sûr », avait-il alors rectifié.
Cela vaut au Dr Fauci des attaques de la part de l’extrême droite, et des partisans de Trump. Anthony Fauci a fait l’objet de nombreuses réactions complotistes, l’accusant de faire partie d’une cabale politique anti-Trump, pour avoir tenu des propos élogieux à l’égard d’Hillary Clinton à l’époque où elle était secrétaire d’État pour Barack Obama.
Ces dernières années, les partisans d’extrême droite de Donald Trump ont régulièrement vilipendé ceux qu’ils considéraient comme s’opposant à eux, à lui. Mais l’exemple n’est pas qu’américain. Partout dans le monde, des Chefs d’Etats sceptiques à la science ont mené de larges campagnes de désinformation autour de faits scientifiques majeurs, comme Jair Bolsonaro par exemple. La décrédibilisation de la science devient, de ce fait, un outil de campagne politique.