L’économiste Esther Duflo, prix Nobel d’économie 2019, appelle à l’interventionnisme de l’Etat et à injecter le plus de ressources possibles dans la dépense publique pour restreindre les ravages économiques de la pandémie de coronavirus.
Esther Duflo, professeur au prestigieux MIT de Boston aux Etats-Unis, a affirmé sur les ondes de France Inter qu’un système d’imposition “extrêmement progressif” est la clé de voute pour dépasser les répercussions économiques de l’épidémie. Selon Duflo, la priorité doit être donnée aux financements des systèmes de santé, et au soutien des ménages modestes. “Quand on a une grosse crise de demande comme aujourd’hui, il faut injecter des ressources dans l’économie”, explique-t-elle. Elle encourage également les gouvernements qui le peuvent à « emprunter massivement et à stimuler l’économie autant que possible”. L’heure est à l’interventionnisme de l’État à l’instar de l’après crise financière de 1929.
Selon Duflo, il faut “dépenser plus d’argent à la fois pour lutter contre le virus (…) et pour essayer de mitiger au maximum l’impact économique, cela fait économiser de l’argent en fait”. Faute de quoi, la crise de certains secteurs pourrait s’accumuler et générer un « effet boule de neige », et l’ “on passe[ra] d’une récession à une dépression, dont les ravages économiques sont beaucoup plus forts et plus longs”, avance-t-elle. Esther Duflo insiste également sur la nécessité que les pays les plus développés soutiennent les moins développés, qui souffriront certainement plus de l’épidémie. Il s’agit, selon l’économiste, d’un moyen de limiter l’ampleur du désastre économique, au final.
Esther Duflo a par ailleurs balayé les craintes sur l’endettement public, puisque, actuellement, les gouvernements “peuvent emprunter à taux extrêmement faibles”. Dans ce sens, plus les pays empruntent de grandes sommes, plus ils auront de temps pour les rembourser. “Il n’y a absolument pas à s’inquiéter de la facture pour l’instant, c’est le dernier de nos soucis”, insiste-t-elle.
Pour Mme Duflo, cette crise est également l’occasion d’encourager un système d’imposition “extrêmement progressif” dans les pays développés. Imposer un impôt sur les hauts revenus semble la solution la plus raisonnable selon l’économiste, à la fois pour soutenir les pays pauvres et les systèmes de santé en faillite.