Les représentants de l’enseignement privé sous contrat, qui scolarise quelque 14,2 % des élèves au Maroc, a tapé du poing sur la table mercredi, en appelant à bénéficier du plan d’aide anticoronavirus, « en juste proportion des services qu'(il) rend ». Tollé absolu, le PJD dans l’œil du cyclone.
Alors que plusieurs voix parlaient du risque de détourner les crédits consacrés à lutter contre l’épidémie de pneumonie virale, le lobby de l’enseignement privé, s’est démarqué, le 18 mars, par une sortie inattendue. Malgré son soutien affiché aux efforts pour maîtriser le coronavirus, de grands groupes qui règnent sur le secteur privé de l’éducation au Maroc, proches du PJD, veulent mettre main basse sur une partie des fonds du plan d’aide anticoronavirus.
Au lieu d’injecter des sommes pour le fonds national de solidarité en faveur des TPE, ménages et indépendants frappés par les conséquences économiques de l’épidémie, le lobby a tapé du poing sur la table, «pour que l’enseignement privé soit concerné par les dispositifs de l’Etat.» Une demande inédite destinée, selon la même source, à couvrir des budgets de fonctionnement d’un niveau extrêmement élevé.
Le lobby parle de l’inflation des salaires et des coûts, alors que ses établissements augmentent régulièrement les droits d’inscription dans des proportions inacceptables pour certaines familles. Ces augmentations répétées étaient lourdes de conséquences sur leurs finances.
Alors que les autorités marocains ont annoncé qu’elles allaient utiliser «tous les moyens à disposition» pour soutenir l’économie affectée par le fléau, le lobby de l’enseignement privé a souhaité une assistance gouvernementale pour juguler les effets de l’épidémie de coronavirus sur l’économie, selon une lettre publiée le 18 mars. Parmi les signataires de ce document, Abdelhadi Zouiten, cadre du Parti justice et développement (PJD, islamiste) qui mène la coalition gouvernementale au Maroc, propriétaire de plusieurs établissements privés et ex-lieutenant de Abdel-Ilah Benkiran, ancien patron de l’exécutif.
Parmi les mesures envisagées par le plan d’aide de 10 milliards de dirhams, un soutien aux entreprises en difficulté, la flexibilité dans le domaine bancaire ou encore un «fonds de solidarité en réponse au coronavirus» destiné au systèmes de santé, aux travailleurs indépendants, aux ménages vulnérables, au marché du travail et aux «secteurs affectés de l’économie».
Plusieurs institutions publiques et privées ont débloqué des centaines de millions de liquidités pour se solidariser avec les plus vulnérables. Le Maroc a annoncé la fermeture de toutes les écoles, crèches et universités jusqu’à nouvel ordre afin de «ralentir la propagation» du nouveau coronavirus, qui a contaminé 61 personnes dans plusieurs régions et a fait deux morts. Les écoles privées ne renoncent pas aux mensualités ou frais trimestriels. Pourquoi demanderaient-elles une aide ? Et quand bien même elles renonceraient un trimestre, les gains exponentiels des années durant devraient calmer les appétits indécents et des exigences pendant que d’autres ont faim et ne bénéficient pas de couverture sociale suffisante ou aucune.