Avec le coronavirus et ses conséquences sur l’industrie chinoise contrainte de fermer ses usines, plusieurs pays redécouvrent à quel point ils sont dépendants de la Chine pour leur approvisionnement en médicament. Faut-il craindre donc une pénurie au Maroc ?
Alors que 60% des principes actifs des médicaments sont aujourd’hui produits en Asie, certains craignent que l’épidémie de coronavirus n’entraîne une pénurie de médicaments. Au Maroc, le stock de sécurité se situe aujourd’hui entre 3 et 6 mois.
Le Maroc importe une bonne partie des matières premières nécessaires à la fabrication des médicaments de Chine. Avec les fermetures des usines chinoises, l’approvisionnement en matières premières est de plus en plus compliqué, et des retards de livraison sont enregistrés. Selon Ali Sedrati, président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP), cité par les inspirations économiques, « il n’y a pas encore d’impact sur l’approvisionnement en médicaments car la réglementation nationale, impose au moins 3 mois de stock de sécurité ».
Le ministère de la Santé a demandé aux opérateurs, dans une lettre, de constituer un stock de sécurité pour couvrir les besoins du marché marocain en médicaments, produits finis et en matières premières pharmaceutiques nécessaires à la fabrication des médicaments. Les industriels doivent aussi communiquer l’état mensuel de leur stock de sécurité de produits finis et matières premières. Ils doivent également trouver de nouveaux fournisseurs. Le but étant de diversifier les sources d’approvisionnement en substances actives pharmaceutiques.
Par ailleurs, plusieurs pays, notamment la France et les Etats-Unis, se posent la question de la possibilité de relocaliser la production des matières premières. En France, les autorités sanitaires et les industriels commencent à prendre conscience de la grande dépendance à l’Inde et plus encore à la Chine. En effet, les ministres de l’Economie et de la Santé veulent que les industriels se remettent à fabriquer des médicaments en France. Car il existe déjà des problèmes d’approvisionnement. L’an dernier, la France a connu 400 à 500 ruptures de stocks de médicaments. Notamment des anticancéreux, des antibiotiques et des vaccins.
Selon le président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique, le Maroc peut assurer la fabrication locale de beaucoup de médicaments essentiels à la santé des citoyens. « Toutefois, dans des situations où la pénurie d’approvisionnement des matières premières risque de toucher toutes les régions du monde, nous ressentons la même inquiétude », a-t-il relevé.
Au Maroc, le stock de sécurité incluant des matières premières se situe aujourd’hui entre 3 et 6 mois. De plus, beaucoup d’opérateurs ont enregistré des médicaments concurrents à ceux importés, ce qui permet de sécuriser l’approvisionnement. Quant à l’impact d’une éventuelle pénurie ou d’alternatives au marché chinois sur le prix des médicaments, il faut rappeler qu’au Maroc, ce dernier est fixé par décret. Ainsi, l’opérateur est obligé de maintenir le produit et ne peut pas changer son prix comme il le souhaite.