L’opposition conteste l’élection d’Alassane Ouattara mardi, qu’elle juge inconstitutionnelle, et a proclamé un «conseil national de transition», censé former un «gouvernement de transition».
Trois dirigeants de l’opposition ivoirienne ne reconnaissant pas la réélection du président Alassane Ouattara et ayant formé un régime de «transition» font l’objet d’une enquête pour «mouvement insurrectionnel», «assassinat» et «actes de terrorisme», a déclaré vendredi 6 novembre le procureur d’Abidjan, Richard Adou, lors d’une conférence de presse.
Il s’agit de Maurice Kakou Guikahué, numéro deux du principal parti d’opposition, «interpellé le 3 novembre», du porte-parole de la plate-forme d’opposition, Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre, et de l’ancien ministre Abdallah Mabri Toikeusse, ces deux derniers étant «en fuite et activement recherchés», selon le procureur. L’ancien chef de l’Etat Henri Konan Bédié, proclamé par l’opposition président de son «conseil national de transition» lundi, «n’est pas en état d’arrestation», ni assigné à résidence, a précisé le procureur, précisant que les forces de l’ordre ont bloqué son domicile pour «mettre fin au trouble à l’ordre public».
«Nous en sommes encore au stade de l’enquête préliminaire et de l’information judiciaire», a expliqué le procureur, qui a annoncé qu’un juge d’instruction avait été saisi et qu’aucune inculpation n’avait été prononcée à ce stade
Alassane Ouattara, 78 ans, a été proclamé mardi réélu pour un troisième mandat par la commission électorale ivoirienne. Mais l’opposition, dirigée par le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, conteste ce troisième mandat, qu’elle juge inconstitutionnel, et a proclamé un «conseil national de transition» censé former un «gouvernement de transition».
Vingt et une personnes arrêtées
Le pouvoir, qui accuse l’opposition de «sédition», a fait arrêter mardi vingt et une personnes à la résidence du président Bédié, dont neuf ont déjà été relâchées, a précisé le procureur. La résidence de Pascal Affi N’Guessan était cernée par la police et a été fouillée jeudi, selon un de ses proches, mais l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo n’y était pas.
Abdallah Mabri Toikeusse, qui a dit vendredi à l’Agence France-PResse (AFP) être bloqué à son domicile d’Abidjan par les forces de l’ordre, a lancé dans la nuit sur son compte Twitter une déclaration au nom du «conseil national de transition» appelant à «intensifier la mise en œuvre des mots d’ordre déjà lancés», sans plus de précision.
Avant l’élection présidentielle, l’opposition avait appelé la population ivoirienne à la «désobéissance civile». Selon des sources proches du pouvoir et diplomatiques, des pourparlers se déroulent en coulisse entre pouvoir et opposition, mais sans résultats affichés jusqu’à présent.
Un appel à l’insurrection générale lancé mercredi depuis l’étranger par l’ancien chef de la rébellion et ex-Premier ministre Guillaume Soro n’a apparemment eu aucun écho en Côte d’Ivoire, où l’activité a repris normalement presque partout depuis jeudi.