« La décision du gouvernement français de réduire le nombre de visas octroyés aux populations maghrébines obéit avant tout à des visées électoralistes » fait savoir JeuneAfrique.
Espérant remporter un deuxième mandat, le président Emmanuel Macron tente de renforcer ses chances en se focalisant sur les sujets qu’appréhendent certains français, comme celui de l’immigration, notamment en provenance des pays musulmans.
Le média estime que plusieurs décisions semblent accréditer l’idée suivant laquelle Emmanuel Macron compte baser sa campagne sur sa capacité à combattre fermement le danger que représenteraient l’islam et les musulmans, et donne pour exemple la date du 24 septembre dernier, où Gérald Darmanin, son ministre de l’Intérieur, s’est félicité de la décision du Conseil d’État de soutenir la dissolution du groupe Baraka City et du Collectif contre l’islamophobie en France, bien qu’aucune preuve n’ait été fournie que ces deux ONG faisaient la promotion de l’islamisme. Une semaine plutôt, Darmanin avait annoncé la dissolution de la maison d’édition Nawa, accusée d’avoir diffusé « plusieurs ouvrages légitimant le jihad ».
« Comme l’Algérie et la Tunisie, le royaume chérifien devrait voir le nombre de visas accordés à ses ressortissants réduit de moitié. Cette mesure découle de la frustration de Paris de voir Rabat non seulement diversifier sans complexe ses partenariats stratégiques mais aussi empiéter sur ce qu’elle considère comme sa chasse gardée africaine. La France ne peut pas accepter que son ancien protectorat lui fasse concurrence dans son pré carré africain, surtout en Afrique de l’Ouest, où le Maroc est devenu l’un des premiers investisseurs étrangers » : plaide la même source.
Ainsi, les deux pays traversent une période critique depuis plus d’un an. La décision de la France, en mai dernier, de se ranger du côté de l’Espagne au détriment du Maroc au prétexte que la question migratoire concerne l’ensemble de l’Union européenne est la preuve que les choses ne tournent plus vraiment rond.
Dans la même veine, la même source indique qu’avec la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara en décembre 2020, la France a perdu la carte dont elle s’est longtemps servie pour faire pression sur le royaume afin d’obtenir des contrats juteux pour ses compagnies. Le projet du port de Dakhla a finalement été confié aux groupes marocains SGTM et Somagec, au grand dam de Paris qui espérait le voir attribué à des sociétés françaises.
« Avec le renforcement du partenariat économique entre le Maroc et la Chine et le rôle que celle-ci a joué dans la réussite de la campagne de vaccination nationale, tout porte à croire que le Maroc est en passe d’adjuger à un groupe chinois le projet de construction du train à grande vitesse reliant Marrakech à Agadir», ajoute-t-elle.
Le média estime que la reconnaissance américaine a mis au grand jour l’insincérité du soutien français au plan marocain d’autonomie au Sahara. « Si la France soutenait vraiment le Maroc, si les déclarations officielles sur le « sérieux » et la « crédibilité » incontestés de l’initiative marocaine étaient de bonne foi, pourquoi la France tarde-t-elle à reconnaître, sans ambiguïté, la souveraineté du Maroc sur son Sahara, alors même qu’elle sait, plus que quiconque, que ce territoire lui appartient ? », demande-t-il.
Concernant les élections qui ont eu lieu le 8 septembre au Maroc, l’indifférence affichée par la France contraste avec les messages de félicitations envoyés par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Japon, le Portugal, ou encore la Russie.
Le journal juge nécessaire que« La diplomatie marocaine doit faire savoir à la France, comme elle l’a fait récemment avec l’Allemagne et l’Espagne, que la donne a désormais changé », avant d’ajouter que le rapport de forces a considérablement évolué, s’est quelque peu équilibré entre Paris et Rabat sur un nombre important de questions stratégiques. Et que, finalement, les remontrances diplomatiques françaises n’ont plus la même incidence sur la ligne de conduite marocaine.