Les avenues du cœur de la capitale algérienne ont été pleines toute le soir du 18 décembre, des manifestants qui défilent qui réclament le départ du régime et de ses dignitaires.
La sélection algérienne de football a remporté pour la première fois la Coupe arabe en s’imposant (2-0) contre la Tunisie, samedi 18 décembre, au Qatar, au terme des prolongations. Au stade Al-Bayt d’Al-Khor, dans le nord-est du Qatar, les Verts d’Algérie ont été délivrés par le remplaçant Amir Sayoud (99e) puis par Yacine Brahimi (120e+5).
Dans les rues de la capitale algérienne, le Hirak, le «mouvement» populaire qui secoue l’Algérie malgré la dure répression, a entonné La Casa del Mouradia, ce chant qui fustige le pouvoir algérien et ses serviteurs, émaillé de divers slogans «Yetnahaw Gaâ» («Qu’ils dégagent tous») à «Nerb7ouhm Gaâ» («On les vainc tous»). Pendant des années, le football est resté un domaine où s’est exprimée la dénonciation du «système», alors même que les rassemblements étaient officiellement interdits depuis 2001 à Alger.
Les paroles de La Casa del Mouradia résument la souffrance de la jeunesse algérienne, la hogra («le mépris») des hauts représentants de l’État, jugés incompétents, l’injustice de survivre dans un pays doté de diverses ressources mais gangrené par le corruption et le népotisme. Le 18 décembre, la circulation des tramways algérois, des trains de banlieue et des trains interrégionaux a été sous haute tension toute la journée. Dans les quartiers populaires de l’ouest et de l’est de la capitale, les personnes qui voulaient sortir célébrer la victoire en direction du centre-ville ont été bien scrutées par les forces de l’ordre.
Devant les commissariats du centre d’Alger, les fourgons blancs aux vitres grillagées examinent la situation alors que le rouleau compresseur politique s’accroît pour empêcher les cortèges. Depuis le 9 mai, le ministère de l’intérieur soumet toute marche à l’obtention d’une autorisation préalable. Une certaine manière de tuer définitivement le Hirak.
Les célébrations de la victoire algérienne ont parfois tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre, comme sur l’avenue des Champs-Élysées, qui avait été interdite aux supporteurs par les autorités. Selon un bilan à minuit, 25 personnes ont été interpellées et 378 ont été verbalisées pour non-respect de l’arrêté préfectoral ou pour infractions routières (45), a fait savoir sur Twitter la Préfecture de police de Paris. Les forces de l’ordre ont dispersé les supporteurs qui se sont rassemblés et verbalisé ceux qui se sont maintenus malgré la dispersion, a précisé samedi soir une source policière.