La Cour des comptes vient de rendre public son rapport annuel qui dresse le résultat de l’exécution des missions programmées par la Cour durant l’année 2018, et qui ont concerné les différentes institutions financières. Dans un premier axe, le rapport fait état des mesures prises pour concrétiser l’agenda de développement durable 2030 par les Ministères concernés. Le verdict n’est pas satisfaisant.
Pour rappel, le Programme 2030 est un programme de développement mondial qui repose sur 17 objectifs de développement durable dans les domaines de l’économie, du développement social et de la protection de l’environnement. L’élimination de la pauvreté est le premier objectif de ce programme, qui prévoit également de répondre aux difficultés croissantes des populations, découlant de l’interdépendance entre les dimensions économiques, sociales et environnementales du développement. Le Maroc était parmi les pays qui ont adhéré à ce programme et se sont engagés à sa mise en œuvre
La Cour des comptes a évalué le niveau de préparation du Maroc à la mise en œuvre des objectifs de développement durable pour la période 2015-2030, au titre des réalisations de l’année 2018.
En premier lieu, le rapport établit que le Maroc dispose d’un cadre constitutionnel et législatif adéquat à la mise en œuvre de cet agenda. Ceci se manifeste à travers plusieurs référentiels, dont les plus importants sont la Constitution, la loi-cadre portant charte nationale de l’environnement et du développement durable, le bilan du programme des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), ainsi que l’adoption de politiques sectorielles qui s’inscrivent dans une approche de développement durable.
Cependant, il subsiste un réel manque de communication autour du Programme 2030, qui repose sur une démarche participative associant plusieurs parties prenantes qui relèvent du gouvernement, des collectivités territoriales, du secteur privé et de la société civile. Le rapport a relevé l’absence d’un plan de communication, qui doit normalement être établi par le gouvernement, et qui décrit clairement la manière d’impliquer toutes les parties prenantes et la population marocaine dans la concrétisation du Programme 2030. Elle a constaté, également, l’absence d’un plan d’action de la part du gouvernement, qui définit les priorités nationales et les prérogatives gouvernementales.
Le rapport fait également état d’une faible convergence des stratégies nationales en cours avec le Programme 2030. C’est le cas, notamment, de la stratégie nationale de développement durable (SNDD) et des stratégies sectorielles des départements ministériels.
Concernant le domaine de la Santé, le rapport précise qu’il n’existe pas de plan national initié par le Ministère concerné pour la mise en œuvre du Programme 2030. Ainsi, même si certains objectifs-santé sont actuellement en chantier, leur portée reste limitée parce qu’en l’absence d’un plan, leurs cibles sur le niveau national, ainsi que l’évaluation de leurs besoins en financement n’a pas été effectuée.
De même pour le domaine de l’Education, les actions menées par le Ministère de l’Education nationale restent à portée limitée. En effet, les actions de sensibilisation et d’appropriation ont été limitées aux réunions tenues par le Comité National de coordination (CNC), qui, selon le rapport, ne dispose d’aucune prérogative de pilotage et de suivi. Ainsi, ces actes ont eu beaucoup de mal à se concrétiser.