Alors que l’effet protecteur de la troisième dose de vaccin – ou dose de rappel – contre la Covid-19 fait désormais l’objet d’un large consensus dans la communauté scientifique compétente et au sein des autorités sanitaires marocaines, la campagne de vaccination reste encore poussive. Explications.
Depuis quelques jours, l’exécutif a abaissé le délai de la dose de rappel, face à une flambée épidémique désormais montante après l’arrivée du variant Omicron bien plus contagieux que les précédentes incarnations du virus. Initialement fixé à six mois, ce délai a été réduit à quatre, devant la troisième vague. Omicron est non seulement plus contagieux mais il résiste aussi en partie aux vaccins existants, même s’ils restent généralement efficaces contre les formes graves. Or, plusieurs études confirment qu’une dose de rappel renforce la protection contre ce variant.
Depuis l’apparition de la nouvelle mouture de virus, le ministère de la santé insiste sur la continuité et la persistance de la campagne de vaccination qui malheureusement devient passive étant donné que cette information n’a pas été accueillie et appréciée par les citoyens marocains.
«La plupart d’entre eux, remettent l’intégralité de cette campagne de vaccination en question surtout après l’apparition de personnes positives ou de décès de personnes vaccinées» déclare un médecin au sein de la direction de la santé à Rabat à Barlamane.com. «La transparence et la confiance ne sont plus au rendez-vous, les médias, les scientifiques ne communiquent pas assez sur les avantages de la vaccination malgré le fait que même nous qui sommes au centre du domaine de la santé, restons pauvres en informations autant que les citoyens. Nous devons solliciter plus de spécialistes et de scientifiques afin d’encourager le peuple à s’engager dans cette campagne» déclare la même source.
Aujourd’hui, «les gens écoutent beaucoup d’avis, parfois irréels et non fondés, du coup cela influence leur avis personnel et même leur conviction. Il faut faire attention et prendre du recul par rapport à beaucoup de sites et les réseaux sociaux qui s’opposent au vaccin, j’ai fait mes trois doses et je peux dire que je suis en pleine forme» déclare un responsable d’hôtel très prisé à Rabat. Un cadre dans le domaine des médias explique que «les citoyens sont mal informés et sous informés».
Le nombre de cas quotidiens de contamination est en augmentation depuis le 21 novembre au Maroc. La hausse est attribuée à deux raisons souvent évoquées : le non-respect des mesures barrières et la non-adhésion à la campagne de vaccination, notamment pour l’administration de la troisième dose, selon des spécialistes interrogés par nos soins.
Un total de 23 millions de Marocains ont reçu leur deuxième dose de vaccin (soit 62,8 % de la population), 24,8 millions la première dose (67 %) et 3,1 millions la troisième. L’objectif est d’immuniser 80 % de la population, soit 30 millions de personnes.
Alors que des milliers de Marocains sont actuellement bloqués à l’étranger à la suite de la décision du gouvernement de prolonger jusqu’au 31 décembre 2021 la suspension des vols passagers à destination et en provenance du Maroc − effective depuis le 29 novembre − en raison de la propagation rapide du variant Omicron du SARS-CoV-2 et de la recrudescence de la pandémie en Europe, la protection générale reste la seule et unique solution pour s’en sortir.