Au Maroc, le nombre de patients en soins intensifs à cause du coronavirus ne cesse d’augmenter et la tendance des infections montre des signes d’une légère reprise.
Plusieurs médecins s’inquiètent de l’augmentation importante de l’activité hospitalière, particulièrement en réanimation, avec une accélération depuis la semaine dernière, notamment à Casablanca.
Ahmed Rhassane El Adib, professeur en anesthésie-réanimation au CHU Mohammed VI de Marrakech, alerte sur une possible dégradation brutale de la situation épidémique. «Je déteste partager le négatif et tout ce qui fait peur, mais je n’ai cessé d’alerter depuis des mois sur ce qui se passe ailleurs, en commençant par Manaus et jusqu’à hier, en montrant l’évolution des courbes au brésil, et dans d’autres pays très proches tels que la France, et notamment en comparaison par rapport à ceux qui vaccinent le plus», indique-t-il.
«Au Maroc, nous avons vécu ces images cauchemardesques et au moment où on commence à s’en éloigner, on a la vague impression qu’une autre vague pointe son nez, les patients continuent à arriver dans les services de réanimation, 75 nouveaux cas en réanimation rien que les dernières 24 heures. Croyez-moi, ces derniers jours les patients admis dans les réanimations ont deux particularités : ils sont de plus en plus graves, et de plus en plus jeunes», a-t-il poursuivi.
Pr Ahmed Rhassane El Adib souligne également que les patients se testent de moins en moins et que le protocole thérapeutique national qui a sauvé d’innombrables vies n’est plus respecté. «Les retards d’isolement et de prise en charge se cumulent», déplore-t-il.
«Les différents variants sont là, ils sont plus contagieux et forcément plus mortels, ils vont évoluer normalement pour remplacer les souches classiques, comme partout ailleurs dans le monde. La vaccination freine pour plusieurs considérations, y compris pour les personnes qui devaient avoir leur deuxième dose et qui sont perturbées par le tollé médiatique et les marchands du doute, alors qu’ils ne présentent aucun risque puisque la première s’est bien passée pour eux», fait-il savoir.
Le professeur en anesthésie-réanimation au CHU Mohammed VI de Marrakech observe également que la population relâche ses efforts dans le respect des règles sanitaires. «Désormais tous les ingrédients sont là, mais je reste optimiste que les citoyens marocains ont l’intelligence suffisante pour faire la part des choses, croire leurs concitoyens qui veulent le bien du pays et éviter ensemble cela», conclut-il.