Au 11 juin, 323 cas chez des patients de 29 ans ou moins ont été confirmés comme étant des myocardites ou péricardites. Ces cas sont survenus le plus souvent après la deuxième dose de vaccin, et les symptômes se déclenchent en général quelques jours seulement après l’injection.
Des experts américains étaient réunis mercredi aux États-Unis pour examiner quelque 300 cas d’inflammation au niveau du cœur déclenchées après l’injection de certains vaccins contre la Covid-19, notamment chez des adolescents ou de jeunes adultes.
Ces cas ont été observés après les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna, qui ont en commun de reposer sur la technologie de l’ARN messager.
Les experts indépendants étaient convoqués par les Centres américains de lutte et de prévention des maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays, pour passer en revue ces cas de myocardite et de péricardite, respectivement une inflammation du muscle cardiaque ou de la membrane qui entoure le cœur.
«Ces cas sont rares, et la vaste majorité [d’entre eux] a été résolue grâce à du repos et des soins», avait rassuré jeudi Rochelle Walensky, directrice des CDC.
Majorité d’hommes
Les informations d’un système public permettant à tout un chacun de signaler des problèmes de santé après une vaccination ont été analysées par les CDC et présentées devant son Comité consultatif sur les vaccinations (ACIP).
Au 11 juin, 323 cas chez des patients de 29 ans ou moins ont été confirmés comme étant des myocardites ou péricardites. Ces cas sont survenus le plus souvent après la deuxième dose de vaccin, et les symptômes se déclenchent en général quelques jours seulement après l’injection.
Parmi ces patients, 309 ont été hospitalisés, et 9 le sont toujours aujourd’hui. Quelque 80 % étaient guéris au moment de leur signalement. Il s’agit en majorité d’hommes (les hommes sont plus affectés par cette maladie en général).
«De façon rassurante, les données montrent que les patients guérissent généralement des symptômes et se portent bien», a déclaré lors d’une présentation Tom Shimabukuro, responsable au sein des CDC. Aucun décès n’a été confirmé jusqu’ici.
De plus, 148 cas sont toujours en cours d’étude. Au 11 juin, plus de 50 millions de doses des vaccins de Pfizer et de Moderna avaient été administrées à des personnes de 12 à 29 ans aux États-Unis, selon les données présentées pendant la réunion.
Si ces cas semblaient donc très rares comparativement au nombre de personnes vaccinées, leur nombre était toutefois plus élevé qu’attendu pour cette tranche d’âge.
Les données disponibles suggèrent un lien « probable » entre des cas de myocardite et ces vaccins chez les adolescents et jeunes adultes, selon une présentation d’une membre du comité des CDC.
«La myocardite est une maladie rare, mais pas nouvelle», a expliqué Matthew Oster, cardiologue pour enfants dans un hôpital d’Atlanta. «Nous pensons qu’elle est généralement déclenchée par un virus […], et il semble que les vaccins à ARN messager puissent être un nouveau déclencheur.»
Malgré tout, les bénéfices de la vaccination «surpassent toujours clairement les risques», selon des documents publiés en ligne par les CDC, qui doivent être présentés aux experts.
Douleurs à la poitrine
«Dans notre hôpital, nous avons vu des cas de garçons adolescents se présentant avec une douleur à la poitrine un jour ou deux après leur seconde dose de vaccin à ARN messager», a témoigné auprès de l’AFP Lorry Rubin, directeur du département d’infectiologie pédiatrique au Cohen Children’s Medical Center, à New York.
Mais ces cas étaient «relativement légers», et la plupart ont été soignés grâce à des anti-inflammatoires. Bien que les adolescents et jeunes adultes aient moins de risque de souffrir de formes graves de Covid-19, plus de 2600 personnes de 0 à 29 ans en sont mortes aux États-Unis, selon les données des autorités sanitaires.
Certains enfants ont par ailleurs «été assez malades» et subissent «des effets à long terme» à cause de la maladie, a expliqué à l’AFP Lee Savio Beers, présidente de l’American Academy of Pediatrics. «Vous pouvez aussi avoir des problèmes cardiaques assez sérieux résultant d’une infection à la Covid-19», a-t-elle ajouté.
«Je conseille clairement toujours le vaccin pour les adolescents», a déclaré la spécialiste, en ne disant pas s’attendre à un changement dans les recommandations d’utilisation des vaccins.
Aux États-Unis, le vaccin de Pfizer est autorisé dès 12 ans, et celui de Moderna à partir de 18 ans pour le moment.
Les premiers cas de myocardite avaient d’abord été signalés en Israël, où la vaccination a été plus rapide que dans la majorité des pays. Le ministère de la Santé israélien a soulevé fin mai «un possible lien» entre le vaccin Pfizer et des cas de myocardite chez de jeunes hommes, tout en précisant que 95 % étaient bénins. Quelques cas ont également été détectés en France.