Plusieurs pays d’Europe ont décidé de renforcer leurs mesures de restriction et instauré des confinements ou des couvre-feux pour faire face à la deuxième vague de Covid-19.
Dans le monde, la pandémie de Covid-19 a officiellement contaminé plus de 45 millions de personnes et fait près de 1,2 million de morts depuis décembre 2019, selon un bilan établi par l’Agence France-Presse (AFP) samedi 31 octobre. Les Etats-Unis font état du plus grand nombre de décès (229 700), devant le Brésil (159 000), l’Inde (122 000) et le Mexique (91 000).
Reconfinements et couvre-feux en Europe
Plus de 10 millions de cas et près de 275 000 morts ont été recensés en Europe et de nombreux pays continuent de durcir leurs mesures sanitaires.
La France a vécu un samedi au ralenti, avec l’entrée en vigueur d’un nouveau confinement, même si ses modalités sont moins drastiques que celles du précédent, au printemps. Le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés en réanimation ou en soins intensifs s’élevait samedi à 3 443, avec 339 nouvelles admissions depuis la veille, selon les chiffres de Santé publique France. En tenant compte des sorties, le nombre de patients du Covid-19 actuellement en réanimation a augmenté de 75 depuis vendredi.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a décidé samedi de reconfiner l’Angleterre à partir de jeudi et jusqu’au 2 décembre. Les écoles resteront cependant ouvertes. «Le virus se répand encore plus rapidement que dans le scénario du pire établi par nos conseillers scientifiques», a déclaré le premier ministre Boris Johnson. Cette mesure ne concerne pas l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, le confinement relevant des autorités de chaque province britannique. Le Royaume-Uni a dépassé le million de cas et totalise plus de 46 000 décès.
En Grèce, le premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a annoncé samedi un confinement partiel à partir de mardi et pour un mois, avec un couvre-feu nocturne et la fermeture des bars, restaurants, lieux d’attraction et salles de sport. Les écoles, les hôtels, les salons de coiffure et les commerces resteront ouverts. L’enseignement dans les universités sera fait obligatoirement à distance et les entreprises du secteur privé devront appliquer le télétravail au moins à 50 %. «Un confinement total nuirait à l’économie et la société», a souligné le premier ministre grec, ajoutant qu’«il fallait agir maintenant», vu l’augmentation du nombre de cas et pour «essayer de sauver les fêtes de Noël».
En Autriche, le gouvernement a fait savoir samedi après-midi qu’un nouveau confinement commencera mardi, avec la mise en place d’un couvre-feu et la fermeture des restaurants, hôtels, institutions culturelles et sportives. Il durera «jusqu’à fin novembre», a déclaré le chancelier conservateur Sebastian Kurz, lors d’une conférence de presse à Vienne.
La Belgique a décidé un «confinement plus sévère». Les mesures incluent notamment à partir de lundi la fermeture des commerces «non essentiels» et l’obligation du télétravail pour les entreprises où il est possible. Il n’y a pas de restriction des déplacements.
Le Portugal sera également soumis à partir de mercredi à un nouveau confinement partiel, qui concernera environ 70 % de sa population, a annoncé samedi soir le premier ministre Antonio Costa.
En Espagne, des affrontements ont éclaté vendredi à Barcelone entre des manifestants et la police, lors d’un rassemblement de 700 personnes contre les restrictions de circulation, qui comprennent notamment un couvre-feu à partir de 22 heures, et une interdiction de quitter la ville pour le long week-end de la Toussaint.
En Italie, de nouveaux affrontements ont opposé samedi à Rome la police à des manifestants protestant contre les restrictions imposées par les autorités. D’autres manifestations, émaillées de violences et de dégradations, se sont déjà tenues en début de semaine dans la capitale italienne, mais aussi à Naples, Milan et Turin.
Le gouvernement a imposé ces derniers jours ce que les médias qualifient de «semi-confinement» : un couvre-feu dans plusieurs grandes régions, la fermeture des bars et des restaurants à 18 heures, ainsi que celle des salles de sport, de cinéma et de concert. Le gouvernement, selon les médias italiens, envisage un confinement des grandes villes du pays, à commencer par Milan et Naples, pour essayer de freiner les contaminations.
La Slovaquie va tester toute sa population
La Slovaquie – dont le bilan du nombre de victimes de l’épidémie s’élève à 212 morts pour 55 000 cas – lance, samedi, un programme de dépistage du Covid-19 au sein de l’ensemble de sa population avec des tests antigéniques, une première mondiale, d’ores et déjà critiquée pour une mauvaise préparation. Quelque 45 000 professionnels de la santé, de l’armée et de la police sont déployés pour effectuer les tests dans ce pays comptant 5,4 millions d’habitants. Ils collecteront des prélèvements dans environ 5 000 points de dépistage.
Les tests antigéniques donnent des résultats rapides – parfois en quelques minutes –, mais ne sont pas considérés comme aussi fiables que les tests PCR, pour lesquels les prélèvements nasaux doivent être envoyés à un laboratoire d’analyses. La participation au test n’est pas obligatoire, mais la personne ne disposant pas de certificat de test négatif risque de se voir infliger une lourde amende si elle est arrêtée par la police. Toute personne positive devra se mettre aussitôt en quarantaine pendant dix jours.
«Ce sera notre chemin vers la liberté», a insisté Igor Matovic, laissant entendre que les restrictions pourraient être soit assouplies une fois les tests terminés, soit renforcées si le programme n’est pas entièrement exécuté.
L’Association slovaque des médecins généralistes a critiqué le plan du gouvernement, le considérant mal préparé. Selon l’association, « la concentration de millions de personnes » sur les sites de dépistage « reste en contradiction avec les recommandations des experts en maladies infectieuses de réduire autant que possible les contacts publics et la mobilité ».
L’UE veut réformer l’OMS pour la rendre plus puissante
Les Etats membres de l’Union européenne (UE) se sont accordés, vendredi, pour demander une réforme en profondeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour qu’elle puisse notamment mener des enquêtes «indépendantes».
A l’occasion d’une réunion des ministres européens de la santé, les Vingt-Sept ont témoigné d’«un accord unanime pour réformer» l’OMS, qui doit devenir «plus transparente, plus efficace et plus puissante», a affirmé le ministre allemand, Jens Spahn. «Nous voulons commencer dès maintenant et ne pas attendre la fin de la pandémie. Ce débat doit se dérouler en parallèle», a insisté M. Spahn, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE.
Parmi les pistes explorées dans le projet de déclaration figure notamment «la possibilité de mener des évaluations épidémiologiques indépendantes sur place dans les zones à haut risque [pour la propagation de virus] en étroit lien avec les Etats» concernés.
La Chine, où était apparu fin 2019 le nouveau coronavirus, avait été très critiquée pour avoir refusé des enquêtes entièrement indépendantes sur son sol au début de la pandémie.