Le Maroc est sur le point de réaliser 4 millions tests de dépistage PCR pour se placer ainsi au 2e rang au niveau continental et 31e à l’échelle mondiale en la matière. Toutefois, les professionnels de santé observent que le Royaume réalise beaucoup moins de tests qu’auparavant.
Si le nombre quotidien de tests PCR a franchi la barre des 25 000/jour du 8 au 10 octobre, il a connu par la suite une baisse substantielle. « Le Maroc a connu hier son plus faible nombre de cas écartés en 182 jours (12 017 cas exclus depuis le 31 mai dernier) ainsi que son plus faible nombre de tests réalisés en 141 jours (14 550 tests depuis le 12 juillet dernier) », déclare Pr Tarik Sqalli Houssaini, vice-doyen de la faculté de médecine de Fès, à Barlamane.com/fr.
Comment peut-on alors expliquer cette diminution du nombre de tests ? S’agit-il donc d’un « simple » effet de la décrue de l’épidémie ? Pour l’enseignant-chercheur en médecine, cette réduction drastique des possibilités de réalisation de tests « est vraiment incompréhensible » et n’est, en aucun cas, due à une régression de la pandémie étant donné que « le taux de positivité est toujours élevé (un taux qui avoisine les 25%) (…) il n’a pas baissé et ne s’est pas stabilisé ».
Soulignons que l’OMS a appelé dès le début du mois de mars à tester massivement afin de freiner la propagation de la pandémie.
Pr Tarik Sqalli Houssaini rappelle, dans ce cadre, qu’au début de l’épisode épidémique au Maroc, les autorités sanitaires ne cessaient de communiquer autour des tests (achats de kits, nombre de tests achetés, stratégie de dépistage …). Toutefois, le ministère de la Santé ne donne plus actuellement d’informations sur ces indicateurs et se focalise plutôt sur la prochaine campagne de vaccination qui débutera ce 4 décembre.
Par ailleurs, le vice-doyen de la faculté de médecine de Fès note que « dans certaines régions, notamment Fès-Meknès, un citoyen fortement suspect d’infection au nouveau coronavirus, ayant une ordonnance médicale qui est requise pour le test de dépistage de la Covid-19 par PCR et disposant de moyens financiers, peut ne pas réussir à faire le test ou attendre longtemps pour pouvoir le faire ».
L’expert note qu’il est aujourd’hui important de renforcer la capacité de dépistage du Maroc et « ce ne sont pas les indications qui manquent ni les laboratoires capables de réaliser les tests RT-PCR ». Il fait aussi savoir que « des « circuits parallèles » finissent par se développer profitant de la pénurie de tests », rappelant que les éléments de la BNPJ ont arrêté, dimanche dernier, deux individus qui seraient derrière un trafic de tests PCR, ne respectant pas le circuit légal.
Selon un communiqué des autorités, les deux médecins avaient exploité 50 tests PCR de l’hôpital CHU de Fès pour effectuer des prélèvements payants avant d’inscrire ces « clients » dans la base de données des patients Covid de l’hôpital.
Il souligne également que pour faire face à cette pénurie, les personnes souhaitant faire le test PCR de dépistage se trouvent désormais obligées à se rendre dans d’autres villes, voire d’autres régions, ou à faire appel à des laboratoires implantés dans d’autres localités pour se faire tester.
Pour rappel, 3 508 nouveaux cas ont été recensés ce mardi au Maroc. Le nouveau bilan porte à 359 844 le nombre total des contaminations, depuis le premier cas signalé en mars dernier, et à 310 193 celui des personnes totalement rétablies, soit un taux de guérison de 86,2%.