Le président de la République a créé un tollé mardi en déclarant avoir «très envie d’emmerder» les non-vaccinés au moyen du passe vaccinal, qui doit succéder au passe sanitaire.
Plusieurs manifestations contre le projet de passe vaccinal se sont déroulées samedi à travers la France, quelques jours après les déclarations controversées d’Emmanuel Macron sur les non-vaccinés qu’il souhaite «emmerder». Plus de 100 000 personnes ont manifesté en France.
À Toulouse, 2 200 selon la préfecture, ont battu le pavé samedi pour protester contre le projet de passe vaccinal, une manifestation émaillée d’incidents. Quatre interpellations ont eu lieu, notamment pour «jets de projectiles» et «outrage à personne dépositaire de l’autorité publique», a indiqué la préfecture de Haute-Garonne à l’AFP. Au total, «une quarantaine de moyens lacrymogènes ont été utilisés», a-t-elle ajouté sans plus de précisions sur les incidents qui ont opposé les manifestants aux forces de l’ordre.
Sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux par des participants à la manifestation, on peut voir des groupes de personnes entonner des chants à l’encontre d’Emmanuel Macron, qui avait déclaré mardi vouloir «emmerder» les non-vaccinés. Certains manifestants se sont filmés devant la place du Capitole, qui leur était interdite d’accès par la préfecture, tout comme l’ensemble de l’hypercentre.
Par ailleurs à Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, la manifestation du mouvement des anti-passe sanitaire a réuni 1 300 personnes, selon la police.
Incidents à Marseille
Des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont émaillé la manifestation anti-passe sanitaire à Montpellier samedi, qui a rassemblé 3 700 personnes selon la préfecture. En tête de cortège, plusieurs jeunes hommes cagoulés défilaient, suivis de quelques dizaines de gilets jaunes. «Macron, on t’emmerde», ont-ils scandé, «Montpellier est en colère». Selon la police, un petit groupe a dégradé la porte d’entrée de la gare Saint-Roch, en centre-ville. La gare a dû être fermée quelques minutes, a raconté un vigile à une journaliste de l’AFP qui a constaté l’impact sur la porte.
Un peu plus tard, les manifestants ont, selon la police, essayé de grimper par-dessus les grilles de la préfecture. Des gaz lacrymogènes ont été lancés par les forces de l’ordre à plusieurs reprises dans l’après-midi, dans les rues bondées de passants.
En fin d’après-midi, les gendarmes ont tenté d’évacuer la place de la Préfecture, poussant de force les manifestants en bas de l’un des escaliers de cette place, créant un mouvement de foule. «Qu’on ne vienne pas me dire que les manifestants contre le passe vaccinal sont des méchants. La réplique des forces de l’ordre est totalement démesurée. Je ne faisais pas partie des »gilets jaunes » à l’époque, mais ce qu’il se passe aujourd’hui y ressemble beaucoup», a témoigné Vanessa Sunni, infirmière.
En début de soirée, des manifestants jetaient des chaises d’une terrasse de bar, ou encore des pots de fleurs d’une boutique du centre-ville, a constaté l’AFP, dans une atmosphère suffocante du fait des gaz lacrymogènes. Place forte du mouvement des «gilets jaunes», Montpellier a connu de nombreuses manifestations violentes.
Selon la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, 1 500 manifestants se sont rassemblés à Marseille ainsi qu’à Aix-en-Provence, des chiffres en hausse par rapport aux derniers samedis de mobilisation mais bien inférieurs à ceux du début du mouvement anti-passe sanitaire.
Quelques milliers de personnes à Paris
À Paris, quelques milliers de personnes se sont rassemblées à l’appel des Patriotes du candidat pro-Frexit à la présidentielle Florian Philippot, selon une journaliste de l’AFP. Ils sont partis sous la pluie depuis la place du Palais royal vers 15h00, en direction de la place Vauban. L’ancien bras droit de Marine Le Pen a dénoncé «le pays de la tyrannie, de la ségrégation, où on met à part des millions de gens».
Dans la foule, une bibliothécaire de 57 ans, se déclarant proche des idées de La France Insoumise et des écologistes, se dit «dérangée» par la personne de Florian Philippot. Mais elle a tenu à protester contre «le passe qui devient une obligation vaccinale déguisée». Le projet de loi sur le passe vaccinal, adopté par les députés jeudi, doit passer devant le Sénat la semaine prochaine.