“Nous avons également récupéré 97 ‘revenants’ : 84 en provenance de la zone irako-syrienne et 13 en provenance de Libye, ainsi que 53 personnes refoulées par d’autres pays”, a indiqué Khiame dans un entretien publié par le quotidien français Le Monde daté de mercredi.
Khiame a ajouté que, parallèlement, la législation a évolué : une loi promulguée en 2015 prévoit que toute personne ayant rallié ou tentant de rallier une zone d’action des groupes terroristes est arrêtée, interrogée et présentée à la justice, où elle encourt des peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison.
“Après la mise en place de la carte et du passeport biométriques ainsi que le renforcement des contrôles aux frontières, nous n’avons plus eu de départs”, a-t-il fait savoir, notant en outre qu’aujourd’hui, les cas de radicalisation se font par Internet et seulement sur des personnes simples d’esprit.
Interrogé sur le cas des binationaux d’origine marocaine impliqués dans les attaques terroristes qui ont frappé l’Europe ces dernières années, le directeur de la BCIJ a évoqué certains facteurs qui ont contribué à cette situation dont l’absence de lois permettant d’interpeller des suspects.
Il a cité, à titre d’exemple, les attentats de Paris [2015] et Bruxelles [2016], précisant que les services de police savaient que certains individus étaient passés par les zones de combat, mais en l’absence de textes juridiques, ils n’avaient pas pu les interroger.
“Beaucoup de ces jeunes binationaux se sont radicalisés dans les milieux carcéraux. Condamnés pour de la petite criminalité – ce qui montre qu’ils n’étaient pas bien intégrés dans la société –, ils ont été récupérés et endoctrinés à l’intérieur des prisons”, a-t-il fait valoir.
Il a également fait savoir que le Maroc travaille avec ses partenaires occidentaux de façon très efficace, par l’échange d’informations concernant ces binationaux. “Nous avons des officiers de liaison dans les pays partenaires et des officiers de liaison occidentaux sont chez nous”, a-t-il dit.
Interrogé sur l’évolution de la menace terroriste, Abdelhak Khiame a relevé que Daech n’a pas disparu, précisant qu’”il y a eu une délocalisation : ils se sont réorientés vers la zone sahélo-saharienne et en Libye. Là où ils trouvent des zones perturbées, ils s’installent”.
Ça constitue une menace pour le Maroc et pour toute la région, a-t-il soutenu, ajoutant que le Royaume mène un échange de renseignements avec les pays qui s’intéressent à cette région.