Omar Radi, malgré ses crimes, comptait des soutiens aveugles. L’affaire de Saad Lamjarred, elle, aura jeté sa cruelle lumière sur l’hypocrisie de ceux qui choisissent leurs combats selon la tête du client.
La cour d’assises de Paris a condamné le 24 février à six ans de prison le chanteur marocain Saad Lamjarred, reconnu coupable d’avoir violée t frappé une jeune femme dans une chambre d’hôtel dans la capitale en octobre 2016, une affaire qui a divisé les internautes marocains.
Après plusieurs heures de délibéré, la cour s’est dite «convaincue» du viol, «décrit de manière constante et précise» par la partie civile Laura P. depuis sa plainte. Un mandat de dépôt a été décerné, Saad Lamjarred va donc être détenu immédiatement.
Cette affaire contraste avec celle d’Omar Radi, le détenu n°26011 condamné en 2021 à six ans de prison dans une double affaire d’espionnage et de viol à l’issue de son procès. L’enquête pour «viol» avait été ouverte fin juillet 2020 sur plainte d’une collègue de M. Radi. Ce dernier a sans cesse évoqué des «relations librement consenties», et sa déposition n’a que très rarement été mise en cause par ses soutiens.
Deux poids, deux…approches
«J’ai été interpellée par des points de similitudes quant à deux affaires qui ont été traitées par la presse française et les ONG internationales des Droits de l’Homme, en usant de deux approches complètement contradictoires», a écrit la chercheur Loubna El Joud sur sa page Facebook.
L’affaire Omar Radi, en somme, ne fait que dévoiler la grossièreté foncière, la barbarie civilisée de ceux qui prétendent défendre les droits humains mais selon la tête du client. Qu’il y ait eu, en France, au Maroc ou ailleurs, quelques esprits assez sages, assez libres pour se révolter contre cette conception de traiter les affaires de viol, c’est incontestable ; mais leur voix était bien faible, peu entendue, et le tumulte des mensonges l’a aussitôt étouffée. Le camp de Omar Radi a collectionné les (faux) arguments pour prouver, pour justifier l’iniquité de son affaire. Même l’espionnage de son téléphone était une affaire fabriquée!
L’affaire Lamjarred est «une affaire où les preuves de viol sont inexistantes, où il s’agit de la parole de Mme Laura P contre Mr Saad Lamjarred. (On ne saura pourquoi on préserve l’anonymat de Mme alors qu’on étale l’identité de Monsieur, mais passons !) Toujours est-il que le chanteur est accusé de récidive et d’impunité, car d’autres affaires auraient fait surface comme par enchantement, où des femmes se sont déclarées bafouées, sans preuve aucune», a soutenu Loubna El Joud.
Pour elle, le doute ne peut profiter à «un monarchique, saluant haut et fort son pays et son roi (…) la théorie de la conspiration sied encore mieux à un anarchique, espion de surcroît.»
«Et Non… Amnesty international, Humain Rights Watch, l’AMDH, le parlement européen, ne crieront aucunement au scandale du procès non-équitable, et on ne verra certainement pas des conférences de presse et des vidéos sur les réseaux sociaux dénonçant l’absence de preuves !», s’indigne la chercheur.
Loubna El Joud dénonce le traitement réservé au violeur Omar Radi. Le «prix de la liberté d’expression» alors qu’il est condamné pour viol, «les appels à la libération d’un espion, même violeur», etc.