Le débat sur la crise des migrants ne cesse de s’enflammer, aussi bien au niveau politique où les dirigeants du monde sont cloués au pilori pour avoir fermé, jusqu’à présent, les yeux, que sur les réseaux sociaux, surtout après la diffusion à l’échelle planétaire de la photo du petit Aylan, ce syrien rejeté par la mer sur une plage turque après s’être noyé.
Cette photo qui a servi de déclic, a ému même les chefs d’Etat européens dont les pays sont les plus concernés par ce phénomène migratoire, et dont l’opinion publique semble partagée sur la nécessité d’accueillir ou de ne pas accueillir toute la misère du monde, pour reprendre l’ancien Premier ministre français Michel Rocard.
Mais la question que se posent les internautes porte sur le rôle du monde arabe dans cette crise, en particulier des pays riches du golfe qui, bien qu’offrant des aides matérielles aux victimes des guerres dans la région, semblent encore réticent à accueillir une part de ces réfugiés, surtout syriens. Il s’agit là d’un véritable paradoxe car ces pays du Golfe sont bien plus proches de la Syrie que ne l’est l’Europe. Alors qu’est-ce qui pousse ces damnés de la terre à choisir l’Europe malgré les distances avec leur pays d’origine ? Selon les analystes, c’est la crainte du terrorisme et de la déstabilisation des pays de la région qui pousse les dirigeants arabes à regarder ailleurs, exception faite bien sûr de la Jordanie, du Liban, voire même de l’Irak qui, bien que faisant face à une guerre civile qui s’éternise, a également son lot de réfugiés.
Si plus de 100 000 migrants sont arrivés clandestinement en Europe depuis le début de l’année 2015, dont environ 1 770 hommes, femmes et enfants morts ou disparus en tentant la traversée de la Méditerranée depuis janvier, selon l’OMS, il reste que les pays européens, en particulier la France et l’Allemagne, sont les seuls pour le moment à accepter une bonne part de ce ‘’gâteau empoisonné’’, qui fait le lit de l’extrême droite, toujours prête à casser de l’immigré, ‘’source de tous les malheurs’’.
Force est de constater que ces migrants (qu’ils soient Syriens, Afghans, Erythréens ou autres), en grande majorité de confession musulmane, choisissent, au lieu des Etats du Golfe, l’Europe, cet eldorado, considéré comme un havre de paix, de prospérité et de sécurité économique surtout. Ajouter à cela les différentes aides sociales et médicales accordées aux réfugiés, le manque d’accord, de cohésion et de coordination dans la gestion de cette crise sans précédent, autant de facteurs qui ne font qu’augmenter « les effets d’appel ».
Si l’Allemagne reste le seul pays à déclarer être prêt à accueillir près de 800 000 réfugiés, contrairement à la France dont la position reste encore frileuse, les pays arabes, eux, en particulier les monarchies du golfe, continuent de faire la sourde oreille et à regarder ailleurs. D’aucuns diront que ce sont les réfugiés eux-mêmes qui préfèrent se rendre en Europe, mais est-ce que ces pays limitrophes de la Syrie leur ont offert le choix ?