Le gouvernement algériens craint une grave crise si les industriels laitiers locaux maintiennent leur action, alors que ces derniers réclament que les prix soient revalorisés de façon à pouvoir couvrir au moins les coûts de production.
La crise du «sac de lait subventionné» en Algérie est revenue au-devant de la scène sociale, et s’est transformée au fil des jours d’un problème d’approvisionnement dû au manque de «lait en poudre» importé, à une crise majeure qui a mobilisé le gouvernement, après que les distributeurs de lait ont entamé une grève prolongée.
Les distributeurs de la capitale algérienne et de certains grands gouvernorats ont refusé l’entrée dans les usines de production laitière depuis le 2 janvier, et annoncé le gel de leurs activités jusqu’à ce que les ministères de l’agriculture et du commerce répondent à leurs demandes, dont la principale est l’augmentation de la marge bénéficiaire, qui n’a pas changé depuis plus de deux décennies.
Afin d’éviter le développement de la crise du lait d’une crise d’approvisionnement à une crise sociale, compte tenu du doublement du nombre de files d’attente devant les magasins de denrées alimentaires, le gouvernement s’est précipité dans les usines de production de lait pour convoquer des représentants des distributeurs de lait à des pourparlers «afin parvenir à une solution satisfaisant les deux parties», mais la première réunion n’a pas abouti.
Par ailleurs, le président de la Fédération des distributeurs de lait en Algérie, Oulami Farid, a déclaré que «la réunion n’avait pas porté les solutions qu’attendaient les distributeurs de lait, ou du moins la satisfaction de la demande d’augmentation de la marge bénéficiaire». Le chef de la Fédération algérienne des distributeurs de lait a indiqué que «les distributeurs discuteront des résultats de la réunion en toute transparence et prendront les décisions appropriées, et établiront des grèves périodiques qui se poursuivront jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites».
Oulami Farid rejette les accusations faites par certains partis officiels aux distributeurs concernant la mise en otage du citoyen de leurs revendications, affirmant que «c’est le gouvernement qui considère le citoyen comme une carte de pression, et nous ne sommes pas ceux qui négocient ou font chanter en jouant la carte (du client). Nous avons le droit de protester selon les diktats de la loi algérienne.»
La crise du lait en Algérie stagne en raison de l’échec de l’augmentation de la production et de la consommation annuelle. Le Bureau professionnel du lait (gouvernemental) avait déclaré que l’Algérie a besoin d’environ 5 milliards de litres de lait par an, alors que la production locale de cent quatre-vingt-dix centres de production répartis sur 48 gouvernorats ne dépasse pas 800 millions de litres.
Le ministre algérien du commerce, Kamal Raziq, s’était engagé lors de son investiture, début janvier 2020, à éliminer définitivement la crise du lait, en «mettant en place un système électronique qui surveille le parcours du sac de lait de l’usine au consommateur», des déclarations qui ont récemment suscité la polémique dans la rue algérienne. Après l’aggravation de la crise du lait, où les Algériens s’interrogent sur le sort du «système électronique» dont parlait le ministre du commerce il y a un an.
Pour sa part, le ministère algérien de l’Agriculture refuse de commenter la crise du « sac à lait », considérée selon lui comme une crise artificielle et accusant certaines parties de détourner le « lait en poudre » importé avec des fonds publics vers des sociétés privées de production de lait pour être utilisé dans la production de lait et de ses dérivés tels que la crème et la graisse.
Il est à noter que l’Algérie a importé pour 1,1 milliard de dollars de lait en poudre au cours de l’année 2020, contre 1,5 milliard de dollars en 2019.