Le Maroc affronte une croisade en règle menée par un journal en déclin qui ne porte en lui qu’une aveugle et passive soumission aux forces de l’argent et un entraînement instinctif a devenir le complice de tous les excès. Dans son analyse de la marrée migratoire qu’a connue Sebta et Melilia, il occulte l’essentiel : le dualisme espagnol, que des actes et des paroles contradictoires manifestaient en toute occasion, et qui jettent les relations bilatérales avec le Maroc un véritable désarroi.
Dans un éditorial au ton très condescendant, le quotidien français Le Monde aborde la crise migratoire au nord du Maroc avec les termes d’un maître qui descend volontiers à des débats de salaire, à des ménagements de conduite envers un ancien obligé. Le Maroc est un pays libre et souverain qui, à la vérité, n’en peut plus de voisins suspects, perfides, aux paroles et aux sentiments duquel on ne peut se fier, incapables de résister au retour à des mœurs d’un autre âge. Il aurait été courageux de répudier une politique démodée, peu clairvoyante, que Madrid reste fidèle à cette sagesse et à cette bienveillance pour le Maroc qu’il avait appris de longue date à apprécier chez elle.
Plus de 8 000 migrants ont franchi les frontières des villes de Sebta et de Melilia sur la côte septentrionale du Maroc en moins de 48 heures. Une crise qui intervient alors que la tension monte entre le Maroc et l’Espagne depuis plusieurs semaines. C’est affaire à quelques voix aigries et à certains politiques en chambre de prêcher la lutte à outrance contre les intérêts du Maroc, en dépit de toute autre considération ; il ne leur en coûte rien, parce que jamais ils ne s’élèvent au-dessus du terre-à-terre de l’existence étroite dans laquelle ils sont condamnés. Nul ne peut jeter la déconsidération et le mépris sur le Maroc, dont les autorités s’expliquent les choses dans leur ensemble.
L’Espagne a choisi de faire clandestinement la courbette à une politique antimarocaine, avec déloyauté et légèreté. Accueillir Brahim Ghali est une erreur gravissime. Cet événement a été préparé, prémédité, conduit par un gouvernement investi de la volonté populaire et par des ministres irresponsables. Le pays s’est laissé envahir par les faits, sans assez faire la part de la réflexion, et en s’asservissant à des sottises qui pourraient compromettre durablement ses liens avec Rabat. Se permettre de consommer cet acte de brigandage diplomatique dénotait une méconnaissance affligeante des dispositions du Maroc à défendre ses suprêmes intérêts, et on ne crochète pas les serrures d’autrui impunément.
Le Monde reconnaît au moins que Rabat a vécu comme «un geste d’inimitié inacceptable» l’hospitalisation sur le sol espagnol de Brahim Ghali, le chef du Front Polisario. L’argument «humanitaire» mis en avant par Madrid a été jugé «irrecevable» par Rabat. Sebta et Melilia sont au cœur des problématiques migratoires entre le Maroc et l’Espagne depuis des décennies et AUCUNE preuve ne démontre que cette nouvelle crise témoigne du bras fer diplomatique entamé par les deux voisins depuis plusieurs semaines (comme l’avait affirmé le ministre de l’intérieur espagnol Fernando Grande-Marlaska et d’autres responsables) mais Le Monde a toujours eu un faible pour les contes de nourrice, et sa manie historique de juger le Maroc de haut paraît au demeurant assez risible. La ministre espagnole des affaires étrangères, qui selon des médias locaux a organisé minutieusement la délocalisation de Brahim Ghali, a déclaré mardi avoir convoqué l’ambassadrice marocaine en Espagne et lui avoir «rappelé que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l’Espagne et du Maroc». Pourquoi donc accabler Rabat et pas Madrid ?
Non, le Maroc, n’est pas l’Algérie qui tient la France pour ennemie héréditaire en vertu d’une accumulation artificielle de griefs remontant jusqu’aux temps des Ottomans, au moment où Paris tente de régler les menus détails du ménage. Le Maroc refuse d’être contrarié dans ses aspirations et il toujours eu grand soin de distinguer ses intérêts propres : intérêts et aspirations peuvent parfois marcher de conserve, mais ils ne se confondent jamais car le Maroc, qui sait nettement ce qu’il veut et où il va, n’a de goût que pour le réel, le tangible, le transpirent. Le gouvernement socialiste espagnol, qui dirige en sceptique une politique un peu équivoque à l’égard du Maroc, est peu excusable. Il refuse sans cesse de reculer devant des puérilités et des erreurs politiques pour satisfaire cette passion funeste, qu’est la complaisance envers les ennemis du Maroc.
Un peu d’histoire
Dans le cadre de l’affaire du Sahara, l’Espagne peine à sortir des formules pour entrer dans les faits et à savoir sacrifier ou adapter ses penchants aux nécessités de la politique. Lorsque, à la fin du mois d’avril, le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, a été accueilli en Espagne pour y être soigné de la Covid-19, une crise a éclaté. «Cet acte, justifié par des raisons humanitaires par Madrid, a été vécu par Rabat comme une sorte de trahison», explique le chercheur Aldo Liga. Le Maroc avait alors convoqué l’ambassadeur espagnol pour lui signifier son «exaspération». Un incident qui prouve que le mouvement qui emporte Madrid d’une si irrésistible façon dans l’orbite ses séparatistes du Polisario est puissant.
Détrompez-vous, le peuple marocain possède tout de qui lui permet de secouer ses entraves pour s’avancer vers un avenir meilleur et plus conforme à ses besoins. L’Espagne et la France, en revanche, s’efforcent au contraire très délibérément de retourner le plus qu’elles peuvent vers le passé, par pure dévotion à leurs traditions arrogantes de traiter des pays souverains avec sans respect. Le temps de faire sentir au dehors ce que les pays vaut
Les Français qui exprimaient ouvertement des doutes sur les avantages que la reconquête de l’Alsace-Lorraine après la Grande Guerre, craignaient qu’on les accuse d’outrager la dignité française. La France a consenti des sacrifices jusqu’alors sans exemple pour récupérer deux de ses plus riches provinces, et les résistants, fidèles à leur foi, s’obstinaient à espérer contre toute espérance et comptaient le plus sur l’indéfectible attachement qui liait les populations alsaciennes à la France, et condamnaient les tentatives de les germaniser. Les observateurs les plus fins, les plus aux aguets, les mieux informés, savent que la question du Sahara ne peut faire objet de courants et de contre-courants. Une seule constatation paraît indispensable à dégager : c’est qu’une Espagne (ou une France) asservie eu Polisario et engagée dans des rapports contraires aux intérêts du Maroc ne peut être prise au sérieux. C’est à ce désordre qu’il est urgent de porter remède. Pour le Maroc, rien ne le gêne plus pour agir et protéger ses intérêt, et jamais la nécessité d’une action énergique et coordonnée pour travailler avec le royaume n’a été plus grande qu’en ce moment.