A en croire la dernière décision de l’organisation terroriste, l’Etat Islamique doit se serrer la ceinture. Jusque-là les étrangers qui rejoignaient Daesh étaient payés 800 dollars US par mois et les syriens touchaient la moitié. Ces salaires viennent d’être réduits de 50% par l’employeur, la structure terroriste ayant des difficultés financières.
Ces informations ont été données hier mardi par l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme. L’OSDH cite en fait un communiqué officiel de Daesh, qui précise que « personne ne sera exempté de cette décision, quelle que soit sa position ». Le document, émis par « Beit Mal al-Muslimin », la trésorerie de l’organisation située à Raqqa, se veut rassurante. Il est précisé que « la distribution alimentaire se poursuivra deux fois par mois, comme d’habitude ».
En Grande Bretagne, ce mercredi, The Guardian rappelle que les difficultés financières du groupe djihadiste sont une conséquence directe de l’intensification des frappes aériennes de coalition que dirige les Etats Unis. Parmi les cibles stratégiques, on trouve en effet les infrastructures pétrolières, qui représentent une source importante de financement pour l’organisation EI.
En novembre dernier, les autorités américaines affirmaient que les opérations de la coalition « causaient des dommages significatifs » aux sources de financements de l’EI. De plus, le 11 janvier dernier, un entrepôt d’argent en cash a été touché par les avions américains près de Mossoul. Le groupe terroriste aurait été privé de plusieurs millions de dollars, faisant dire au commandant central des forces américaines sur CNN que « Daesh comptait sur ces fonds pour payer ses soldats et en recruter de nouveaux ».
Difficile d’avoir une idée précise des revenus de Daesh, l’estimation du prix du baril vendu par le groupe terroriste variant fortement selon les sources. Selon une étude de Reuters, publiée fin 2015, l’EI vend son pétrole (et produits raffinés) aux nombreux contrebandiers de la région à un prix en-dessous du marché.
Faux, rétorque le spécialiste français Matthieu Auzanneau. Cet auteur d’ouvrages de référence sur l’or noir affirme que « la demande est si forte que le prix du baril correspond à celui qu’on pratique dans cette région ». Un point de vue confirmé par l’enquête publiée en novembre dernier par Le Financial Times, qui expliquait qu’il y avait « de telles files d’attente de camions de contrebandiers , que le prix pouvait même être prix supérieur à celui du marché ».
Ces études et enquêtes s’accordent tout de même sur un point : elles rappellent que les réseaux de contrebande sont anciens dans la région. Le fait que de nombreux pays ont été (ou sont) sous embargo a favorisé le développement du marché noir, en renforçant des réseaux puissants, nottamment en Turquie
De plus, comme le note Valérie Marcel, spécialiste du pétrole au sein du Think tank Chatham House, « l’EI contrôle un territoire avec une population de plusieurs millions de personnes qui doivent chauffer leurs maisons et faire rouler leurs voitures. Ils ont besoin d’essence et de fioul et ils ne peuvent pas importer du pétrole de Turquie ou d’ailleurs. Ils se mettent donc en file pour attendre d’être pourvus en essence ».
Selon plusieurs spécialistes, le budget annuel de l’organisation, à la fin 2015, était de près de 3 milliards de dollars, toutes activités confondues (à savoir la vente de pétrole et de gaz naturel mais aussi agriculture, la levée d’impôts, les trafics de drogue et d’armes, la contrebande d’antiquités, le pillage de banques et le kidnapping).