Les Azaitar sont de retour ! Dans un arrondissement populeux de Salé, Omar, un des membres de la fratrie, donne de l’ampleur à la misère en étalant une fausse générosité et un luxe indécent. Ou comment utiliser des personnes réduites aux dernières extrémités pour peaufiner sa propre image.
Partout, les vrais philanthropes créent fondations de bienfaisance et maisons de refuge régies par la loi pour assister les plus nécessiteux. Exceptés les Azaitar qui plongent aux bas-fonds de la perversité morale depuis un certain temps ! Âmes appelées aux fortes œuvres ! Même les délinquants, les malfaiteurs et les repris de justice ont le cœur fervent, qu’on se le dise. Les photos en costume d’apparence trop religieuse ne suffisent plus, il faut s’impliquer, préparer les caméras et mobiliser un bon cortège.
Distributions en argent, distributions en nature, tout est bon pour redorer leur blason et remonter à la surface. Le passé en fournit plus d’un exemple. C’est ce dont il est aisé de se convaincre quand on suit, à travers les temps, les actions publiques «généreuses» du trio sulfureux, contraint d’abandonner spontanément les raffinements de son existence pour faire étalage d’une conduite extérieure censée racheter leurs méfaits.
Une Cadillac dernier cri, des gardes du corps, de l’emphase dans le geste et dans la parole : dans un souk à Layayda à Salé, avec apparat, Omar Azaitar profite de la misère des déclassés pour donner l’aumône à tout-va. Discussions pompeuses, luxe déroutant, bruit insupportable. Les agents d’autorité interviennent de crainte que tout ce cirque dégénère. Omar Azaitar est conscient qu’il faut acheter à prix d’argent la bienveillance des gens. La charité est à l’enchère. Le grand vizir Azaitar est là : il se croit responsable des récoltes, de la régularité des saisons, de la prospérité économique, des rigueurs ou de la clémence du ciel. La multitude attend de lui ses moyens de vivre. Elle s’incline devant sa grandeur d’âme turbulente.
Azaitar ne se plie à aucun scrupule moral
Tant de gens attendent de lui un sourire, une faveur, un geste ! Il a des auxiliaires partout, aussi bien dans les corps électifs que dans l’administration publique. Seigneur Azaitar n’a qu’à faire un appel ; tout le monde se range sous son drapeau. Pauvre Maroc! Il est grand, parle au cœur et à la raison ! Et la suite ? Les scandales vont ternir encore une réputation déjà malmenée, en conséquence Azaitar va quadrupler la distribution des denrées ; créer une banque de prêts gratuits ; livrer du blé à titre gracieux ; faire autant pour le pain, pour la viande, même pour les vêtements ! Cette manne est tombée d’en haut, Azaitar ne fait qu’en disposer, malheur aux mauvaises langues !
Les faits abondent, et il faut s’en tenir aux plus importants. La fausse générosité de seigneur Azaitar contribuera seulement à l’accroissement trop rapide du nombre des mendiants qui font de leur condition une véritable industrie. La spéculation sur la misère des autres a désormais une action ouverte, un droit à exercer ; elle en use et en abuse. Azaitar veut s’attirer les faveurs de la communauté avec du voyeurisme de bas étage.
Rien ne s’oppose plus, dans le domaine de la légalité, à ce que la misère disparaisse de la surface de notre territoire. Ah, non, il y a les Azaitar, ultime obstacle, triste témoignage de l’exploitation du malheur des infortunés. Barlamane.com peut offrir ce conseil au trio inculte : une œuvre de générosité ne peut réussir qu’avec des conditions de durée, un sincère engagement et sous une forme de contribution discrète et continue. De rien.