Dans le cadre du confinement obligatoire imposé par les autorités marocaines face au nouveau coronavirus, affection éminemment contagieuse, les quartiers populaires n’observent pas de manière stricte la loi édictée à chaque famille de se renfermer dans sa maison.
La plupart des travailleurs marocains sont privés d’activité depuis les restrictions instaurées le 20 mars dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire au Maroc. Le confinement est largement respecté à travers le pays, mais dans quelques quartiers populaires, comme celui de Takadoum, l’un des plus denses de la capitale Rabat, beaucoup peinent à rester chez eux.
Ici, les maisons font deux à quatre étages, ont des fenêtres minuscules et bordent d’étroites ruelles. Les habitants qui respectent les consignes de confinement se collent contre leurs fenêtres grillagées pour tuer le temps, tandis que les autres traînent dehors.
Des enfants jouent, des petits groupes de jeunes discutent, parfois assis sur les pas de portes. Un commerçant, qui vendait des habits sur un marché voisin, se retrouve désœuvré, obligé de rester dans un périmètre délimité par la préfecture et ceinturé de barrages de sécurité chargés de vérifier les permis de circuler.
Face à l’épidémie, les autorités marocaines ont très vite misé sur un confinement drastique pour limiter le risque de contagion, avec un déploiement impressionnant de policiers, de militaires et, dans certaines villes, de blindés.
Mercredi, le Maroc a déclaré 1.242 cas de maladie Covid-19, dont 91 décès et 97 guérisons, pour environ 4.400 tests menés depuis début mars. Le ministère de la Santé a prévu de renforcer le suivi épidémiologique pour mieux détecter les cas de contamination, en phase avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Parallèlement, plusieurs mesures économiques et sociales ont été prises pour aider les entreprises, les salariés et les travailleurs de l’informel à l’arrêt, avec un fond d’urgence d’environ 31 milliards de dirhams (environ 3 milliards d’euros) alimenté au tiers par l’Etat et pour le reste par des dons divers.
Parmi ces mesures, des aides allant de 800 dirhams à 1.200 dirhams sont prévues pour les familles en situation de précarité. Mais le coup de pouce prendra plus de temps pour ceux qui ne bénéficient d’aucune couverture sociale ou médicale, souvent les plus fragiles.
Tous les soirs, à partir de 18h00, les forces de sécurité, généralement équipées de masques sanitaires, sillonnent à pied les ruelles des quartiers périphériques pour pousser les habitants à rentrer chez eux. Certains obtempèrent sans discuter, d’autres demandent un délai pour une course urgente, d’autres encore disparaissent pour revenir dans la rue dès que les agents ont tourné les talons.
Parfois, il faut pourchasser les contrevenants et arrêter « pour l’exemple » ceux qui désobéissent, explique un agent. La patrouille est une des rares distractions de la journée. Certains observent la scène depuis les fenêtres minuscules ou depuis les toits, d’autres filment avec leurs téléphones portables.
Quelque 9.000 personnes ont été arrêtées pour avoir enfreint l’état d’urgence sanitaire, selon le dernier bilan officiel. Les sanctions vont jusqu’à trois mois de prison et/ou des amendes allant jusqu’à 1.300 dirhams.






