Les autorités publiques doivent désormais préparer leur économie à une réouverture sans danger et réussie. Dans ce cadre, les dépenses consacrées aux infrastructures numériques seront indispensables pour faciliter la distanciation physique et pour réduire la fracture numérique qui accentue les disparités en matière d’accès à l’information, d’éducation et de perspectives professionnelles, indique le FMI dans sa nouvelle édition du Moniteur des finances publiques.
Dans les pays avancés et certains pays émergents, où les taux d’intérêt sont proches de leur plancher effectif, une hausse des investissements publics de qualité pourra avoir un impact prononcé sur l’emploi et l’activité, attirer des investissements privés et absorber l’excès d’épargne privée sans augmenter le coût des emprunts.
Selon le FMI, de nombreux pays à faible revenu et plusieurs pays émergents, en particulier ceux qui empruntent en devises, les conditions de financement freinent grandement l’investissement, malgré des besoins considérables pour atteindre les objectifs de développement durable. « Dans ces pays, les dirigeants devront protéger l’investissement public, dans la mesure où cela reste compatible avec le fait de sauver des vies et les moyens de subsistance, et accroître son efficience. En outre, dans le contexte de crise, une riposte mondiale apparaît encore plus nécessaire pour éviter de prendre davantage de retard sur les objectifs de développement durable », explique-t-on.
En dépit de la distanciation physique, des investissements publics sont matériellement possibles et peuvent être réalisés rapidement si les autorités prennent quatre mesures : 1) investir dès maintenant dans l’entretien ; 2) examiner et relancer des projets prometteurs dont la préparation ou la réalisation a été reportée ; 3) accélérer des projets à l’étude afin qu’ils se concrétisent dans les deux prochaines années et 4) commencer à préparer immédiatement de nouveaux projets en adéquation avec les priorités d’après la crise.
Des estimations empiriques reposant sur un ensemble de données internationales et sur un échantillon de 400 000 entreprises montrent que l’investissement public peut avoir une forte incidence sur la croissance du PIB et sur l’emploi durant les périodes de grande incertitude, ce qui caractérise la crise actuelle. Pour les pays avancés et émergents, le multiplicateur budgétaire culmine à plus de 2 en deux ans. Une hausse de l’investissement public de 1 % du PIB dans ces pays créerait 7 millions d’emplois directs et entre 20 millions et 33 millions d’emplois au total en tenant compte des effets macroéconomiques indirects. L’effet d’attraction d’investissements privés est particulièrement marqué dans les secteurs indispensables à la résolution de la crise sanitaire (communications et transport) ou à la reprise (bâtiment et industrie). Il devrait toutefois s’accompagner de mesures complémentaires pour remédier aux lourdes contraintes de levier et de liquidité que subissent les entreprises privées.
De nouveaux investissements dans la santé, le logement social, la transformation numérique et la protection de l’environnement jetteraient les bases d’une économie plus résiliente et inclusive. Comme les taux de rendement des investissements dans l’adaptation aux changements climatiques sont souvent supérieurs à 100 %, les aides officielles à l’adaptation constituent une utilisation efficace des fonds publics. Ces dernières devraient plus que doubler, et passer des 10 milliards de dollars affectés actuellement à environ 25 milliards de dollars, pour financer les investissements publics qui s’imposent afin que les pays à faible revenu s’adaptent aux changements climatiques.