Après la démission du commandant de bord Najib Al Ibrahimi du bureau de l’Association des pilotes de ligne (AMPL) de la RAM, un autre membre influent de cette corporation claque la porte. Il s’agit du commandant de bord Aata Guedira qui justifie sa démission par des « raisons personnelles ».
Selon une lettre parvenue à Barlamane.com, et datée du 24 juillet, le commandant de bord Aata Guedira a décidé de démissionner du bureau de l’AMPL. Il semble qu’il a été plus diplomate en évitant de raviver la polémique au sein de cette association et ce, contrairement à son collègue Najib Al Ibrahimi qui, lui, a été plus explicite en dénonçant la « gestion hégémonique et dictatoriale » du président de l’AMPL.
L’association, qui s’est toujours dressée comme un obstacle devant le développement de la RAM en défendant les intérêts (indécents parfois) de ses membres au détriment de l’équilibre de l’entreprise, vit ses pires moments sous la présidence actuelle et au moment où le transporteur aérien national traverse une crise sans précédent. Selon plusieurs sources, les membres de l’association commencent à se soulever contre les positions et décisions rigides et irréfléchies du président notamment dans sa mauvaise gestion du dialogue social avec la direction de la compagnie.
L’AMPL a choisi de hausser le ton et de s’opposer à toute discussion autour d’un plan de sauvetage et d’un plan social nécessaire pour la survie de la compagnie suite aux dégâts du Covid19. En effet, l’actuel président de l’association a opté pour la voie de la terre brûlée quitte à ce que cela débouche sur la disparition de l’entreprise afin de préserver les conditions très avantageuses de ses membres.
Dès le début de la crise sanitaire, et au moment où la compagnie était à genoux, le Président de l’AMPL est monté au créneau pour s’opposer catégoriquement à une ponction provisoire de 30% sur salaire qui restituée lorsque la situation revient à la normale. Suivra ensuite une série de tractations auprès des membres de l’association pour semer la zizanie et bloquer tout dialogue avec la direction. Mais lorsqu’il s’est rendu compte que la direction appuyée par les pouvoirs publics, est déterminée à mettre en place le plan social, le président de l’AMPL se trouve dans une mauvaise posture vis-à-vis de ses collègues et doit affronter une véritable fronde pour ses mauvaises positions.
De plus en plus de voix dénoncent les positions intransigeantes et irréfléchies de l’AMPL. « Nous avons été dupés car il nous assurait que l’Etat n’accepterait jamais de recourir à des licenciements économiques chez les pilotes de RAM, or maintenant on s’est rendu compte que les dés sont jetés », s’insurge sous l’anonymat un commandant de bord. Un autre pilote plus jeune, catégorie qui risque de faire les frais de ce plan social, ne cache pas son amertume et, surtout, sa colère : « la direction nous sollicitait pour des réunions et on avait une occasion en or pour mieux négocier et participer à l’élaboration d’un plan qui défendrait mieux nos intérêts, mais à cause de la politique de la chaise vide et du refus de dialogue prônée par ce président, on a raté cette chance ».
Plusieurs commandants de bord déplorent l’état et le niveau du top management d’une association qui doit représenter, en principe, une catégorie professionnelle élitiste. « On est arrivé à un stade où le dirigeant s’adresse aux responsables de la compagnie en utilisant les mots les plus dégradants, des insultes, des menaces… », regrette un autre commandant de bord.
D’ailleurs, même les journalistes ne sont pas épargnés de ces mauvais traitements. Un journaliste d’investigations d’un grand journal électronique marocain d’expression française en a fait les frais récemment lorsqu’il a reçu l’appel téléphonique du président de l’AMPL. Pour protester contre un article publié par le journaliste, il a eu recours au vocabulaire de caniveau mêlant menaces et injures à tous les journalistes. Heureusement que le grand reporter garde toujours une copie de l’enregistrement. Qui témoigne d’une facette des pratiques de ce président dont protestent les démissionnaires. Mais qui ne reflète nullement les grandes qualités humaines et professionnelles de la majorité des pilotes de RAM.