L’Algérie nous fournit chaque jour la preuve de sa haine viscérale au Maroc, incrustée depuis l’indépendance en 1962 dans la mémoire collective, grâce à une campagne de propagande anti marocaine ininterrompue, qui fait fi des règles de bon voisinage et de bienséance.
Mais, jamais, nous n’avions pensé que l’Algérie en arriverait à interdire toute référence au Maroc dans ses médias audiovisuels, voire faire le black-out total sur la participation de sportifs marocains, y compris des sélections de football, à des compétitions régionales et internationales, y compris sur le territoire algérien. Qui aurait un jour cru que l’Algérie en viendrait, lors du mondial de Qatar, à annoncer la défaite de l’Espagne, sans mentionner l’adversaire de ce pays ibérique qui n’était autre que le Maroc. Plus grave encore, la case Maroc au programme infographie des compétitions du mondial restait vierge.
Je pense que seuls des psychiatres pourraient nous expliquer la dérive mentale et clinique des dirigeants de ce pays voisin géographiquement, dont nous sommes séparés par un immense désert culturel et civilisationnel.
Après l’effondrement du mur de Berlin en 1989, presque tous les pays du bloc de l’Est, alliés de l’ancienne Union soviétique et du système du parti unique, se sont tournés vers le monde libre occidental. Les pays d’Europe de l’Est disposaient d’une nette longueur d’avance sur l’Algérie en matière industrielle et d’infrastructures.
L’Algérie a continué de revendiquer, outre un socialisme de caste à l’algérienne, sa fidélité à l’Union soviétique et ultérieurement à la Russie, jusqu’aux émeutes d’octobre 1988, qui ont imposé un changement de façade du régime. Autre différence fondamentale avec les anciens pays satellites de l’Union soviétique : Ces pays ont fait le choix de la démocratie, du multipartisme, de la liberté d’expression et des droits de l’homme. Le changement a été radical, alors qu’en Algérie, le système avait procédé, sous la pression populaire, à de petites retouches, pour perpétuer le système des rentes et éterniser la prééminence de l’armée au sommet du pouvoir. En dépit des révoltes populaires successives, l’armée continue de s’approprier la totalité du pouvoir. Aucun président algérien, depuis l’indépendance, n’avait conduit à son terme son mandat. S’il n’est pas assassiné (Boumediène, Boudiaf), il est limogé et démis de ses fonctions par l’armée (Ben Bella, Bouteflika, Chadli Bendjdid, Zeroual). À l’indépendance déjà, Boumediene et consorts s’étaient emparés par la force du pouvoir, en rentrant à Alger sur des chars, pour supplanter le gouvernement provisoire et le neutraliser (GPRA).
L’histoire de l’Algérie, colonisée pendant presque cinq siècles, précédés par un terra nullius de plusieurs siècles, explique dans une large mesure cette tendance au centralisme et à la prééminence de l’armée. L’Algérie, ayant toujours peur d’une invasion étrangère, renforce son arsenal militaire et fait confiance à l’armée pour défendre le pays. C’est aussi la raison pour laquelle l’Algérie glorifie la résistance algérienne contre l’occupation française (1954-1962) et y a même dédié une chaine de télévision. La longue colonisation de l’Algérie, qui s’est concrétisée par une déculturation de la société (langue, habillement, arts culinaire, architecture etc…) et qui hante les citoyens, pousse les Algériens à un excessif nationalisme.
Boumediène et consorts, qui a vécu à Berkane parmi les marocains et qui n’aurait jamais tiré une seule cartouche contre les autorités coloniales, ont suppléé les autorités coloniales françaises dans l’exécution des stratégies coloniales d’affaiblissement du Royaume du Maroc, via la guerre des sables pour élargir le territoire et la question du Sahara, pour circonscrire le Maroc et l’étouffer de tous les cotés.
L’Algérie reste un exemple spécifique et particulier dans le monde, parce qu’aucun pays monde, doté de surcroit d’immenses richesses du sous sol, n’accule le peuple à des bousculades pour se procurer sa ration de lait ou de lentilles. Un pays aussi riche comme l’Algérie, qui vient d’engager la réflexion 62 ans après l’indépendance, sur la production de lait….en poudre au Sahara algérien. Rien n’empêchait l’Algérie de devenir les Emirats arabes du Maghreb, dont plusieurs centaines de citoyens prennent le rivage de la mer pour fuir ce pays vers d’autres horizons en Europe.
Pourquoi l’Algérie demeure en retard de plusieurs décennies par rapport, non pas aux Emirats arabes unis, mais à d’autres pays moins lotis !.
Parce que l’Algérie, restée sous domination étrangère pendant 500 ans, a fait des choix catastrophiques, dès son indépendance. Elle entendait libérer tous les peuples du monde et défendre toutes les causes qui lui paraissaient «justes» sur terre. Elle avait donc investi l’essentiel de ses revenus des hydrocarbures dans la défense de ces causes, en accueillant sur son territoire, outre le Polisario, des représentants de toutes les organisations africaines, arabes et étrangères soi disant «progressistes», qu’elle avait hébergées et prises en charge totalement.
L’Algérie a pris sa revanche sur la colonisation française et Ottomane, pendant cinq siècles, en mettant tous ses moyens au service des causes justes dans le monde, se livrant même au chantage, dans certaines situations, comme dans le cas du Maroc ou de l’Espagne, en soutenant le Polisario ou, pour quelque temps, un mouvement de libération des Iles Canaries.
Des experts avancent à ce titre la dilapidation de 400 milliards de dollars en faveur du Polisario. Cette gabegie se poursuit de nos jours, y compris lorsque l’Algérie traversait des pénuries internes des produits alimentaires de première nécessité. Le Polisario, c’est sacré. «C’est une question de principe», vous dira-t-on. C’est en fait un gros mensonge.
Impairs diplomatiques
L’Algérie n’est guidée par aucun principe. Regardons sa position aux Nations unies, concernant la question palestinienne. L’Algérie avait refusé de joindre sa signature au projet de résolution, présenté à l’assemblée générale par les Emirats arabes unis, pour la reconnaissance de l’Etat palestinien. Alger n’a pas rallié la liste des pays ayant parrainé le projet, tout simplement parce que le projet a été présenté par les EAU, aujourd’hui, en discordance avec l’Algérie. La décision algérienne a été justifiée, non pas par la cause palestinienne, qui motive la résolution, mais par son différend circonstanciel avec les EAU.
Autre impair de la diplomatie algérienne : la lecture erronée du discours de Perdo Sanchez devant l’assemblée générale des Nations unies. Le ministre algérien des affaires étrangères, Ahmed Attaf, avait personnellement affirmé que Madrid avait opéré un virage de 190 degrés sur la question du Sahara marocain. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’Alger invita le ministre espagnol des affaires étrangères pour une visite officielle en Algérie, pour amorcer la normalisation, visite annulée suite à la réaffirmation, la veille, de la position espagnole pro-marocaine sur ce dossier.
Les défauts majeurs de la diplomatie algérienne demeurent la précipitation et les réactions colériques, l’égocentrisme, la paranoïa, l’excessivité et l’entêtement. À cet égard, les Algériens sont prêts à aller jusqu’au bout de leur logique, bien qu’ils soient conscients de la déroute de leur démarche. C’est ce qu’on appelle le NIF algérien, qui veut que ca soit Alger qui a raison, quelles que soient les circonstances. Aussi, la question du Sahara marocain, bien que les dirigeants algériens soient conscients des graves torts causés au Maroc –d’anciens ministres algériens nous ont confié leur désaccord avec leur pays sur ce dossier- ils iront jusqu’au bout de leur logique, devenue au fil des années un rêve et une réalité de la diplomatie.
L’Algérie, à défaut d’un changement de régime et de la démocratisation du pays, ne se déjugerait pas vis-à-vis de ses alliés en Afrique et dans le monde, bien qu’ils soient de moins en moins nombreux, alors qu’elle y a investi des milliards de dollars et déployé toute sa diplomatie dans cette affaire. Toutefois, l’effort de l’Algérie reste vain, comparé au succès croissant du dossier marocain au niveau africain et international.
Nous parions sur le succès, à terme, du Royaume du Maroc.
*journaliste et écrivain