Juges, procureurs et avocats ont organisé une manifestation inhabituelle ce mardi devant la Cour suprême algérienne pour revendiquer une plus grande indépendance de la justice, alors que les tensions se resserrent dans la crise politique qui sévit depuis neuf mois dans le pays.
Des centaines de magistrats, dont beaucoup vêtus de robes traditionnelles noires et rouges, se sont joints à la manifestation de mardi à la capitale Alger. Ils ont été remontés contre l’intervention de la police, dimanche, pour déloger les personnes en grève devant le palais de justice de la ville d’Oran.
Juges et procureurs algériens ont entamé depuis quelques jours une action contestataire pour réclamer l’indépendance du pouvoir judiciaire après un mouvement massif qui a touché des milliers de personnes, a annoncé le syndicat des magistrats. Cette décision intervient alors que le pays est toujours en proie à des manifestations antigouvernementales les présidentielles prévues pour décembre qui doit être supervisée par des membres de l’autorité judiciaire.
Les rues d’Alger ont été remplies vendredi alors que les manifestants défilaient pour la 36ème semaine consécutive afin de manifester contre le pouvoir en place. Plus tôt ce mois-ci, le ministère de la Justice a procédé à un mouvement d’affectations sans précédent, touchant 3.000 juges et procureurs sur environ 6.000.
Les manifestants algériens maintiennent la pression alors que l’échéance des candidatures à la présidentielle approche. Dans la foulée, le Syndicat national des magistrats (SNM) a dénoncé ce changement comme « un étranglement par l’exécutif du pouvoir judiciaire ». Il a accusé le gouvernement « d’empiéter sur les prérogatives du Conseil judiciaire suprême », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le ministère de la Justice a défendu cette démarche et a déclaré que cette opération avait été « validée à l’unanimité » par les membres du conseil de la justice. Selon le SNM, 96% des juges et des procureurs ont observé la grève.
En mars, plus de 1.000 juges ont déclaré qu’ils refuseraient de superviser les élections prévues pour avril si Bouteflika se déclarerait candidat, affirmant qu’ils n’agiraient pas contre la volonté du peuple. Les élections du 4 juillet ont ensuite été reportées au 12 décembre en raison du manque de candidats viables.