Environ 2 500 partisans du président Kaïs Saïed se sont rassemblés dimanche à Tunis pour appuyer ses mesures exceptionnelles et son coup de force du 25 juillet par lequel il s’est arrogé les pleins pouvoirs en disant vouloir ainsi «sauver» la Tunisie.
Les manifestants, chiffrés selon certains observateurs à environ 3 000, se sont rassemblés sur l’artère principale du centre de Tunis, l’avenue Bourguiba, en scandant des slogans tels que: «Le peuple veut la dissolution du Parlement», «Nous sommes tous Kaïs Saïed, nous sommes tous la Tunisie», ont constaté des journalistes de l’AFP.
Après des mois de blocage politique, le président Saïed, élu fin 2019 par surprise et à une ample majorité, a annoncé inopinément le 25 juillet le limogeage du Premier ministre, le gel du Parlement et qu’il s’octroyait aussi le pouvoir judiciaire. Il a dit agir dans le but de «sauver» la Tunisie d’un «péril imminent», après des mois de blocage politique et d’une crise socio-économique aggravée par une flambée de l’épidémie de Covid-19. Le 22 septembre, le chef de l’État a officialisé ses pleins pouvoirs par des «mesures exceptionnelles» qui prolongent la suspension du Parlement. Elles lui permettent aussi de légiférer par décret, de présider le conseil des ministres et de modifier les lois du pays.
Manifestation anti-Saïed dimanche dernier
Les forces de sécurité étaient déployées en grand nombre sur l’avenue Bourguiba et formaient une protection autour des manifestants rassemblés devant le Théâtre municipal. Un bon nombre de manifestants brandissaient le drapeau tunisien, des photos du président Saïed et des banderoles assurant que «le peuple veut une révision de la Constitution» ou «Saïed, porte-parole officiel du peuple».
Les mesures exceptionnelles promulguées par décret par Kaïs Saïed sont théoriquement provisoires, le temps d’adopter des «réformes politiques», dont des amendements à la Constitution de 2014. Kaïs Saïed considère ce texte à l’origine d’un régime hybride donnant beaucoup de pouvoirs au chef de gouvernement, comme étant trop déséquilibré en faveur du Parlement. Cet expert en droit constitutionnel qui se décrit comme apolitique, a été élu au terme d’une campagne antisystème.
Dimanche dernier, environ 2000 Tunisiens avaient manifesté contre le coup de force de Kaïs Saïed, l’accusant d’«accaparement du pouvoir», d’avoir «volé» la Constitution et de vouloir instituer un régime «pire» que celui de Zine el-Abidine Ben Ali, chassé par la Révolution de 2011.