Le dernier roman de l’écrivain Maël Renouard, L’historiographe du royaume, publié le 2 septembre en France aux éditions Grasset, n’a pas été interdit par les autorités.
Le dernier roman de l’écrivain Maël Renouard, L’historiographe du royaume, publié le 2 septembre en France aux éditions Grasset n’a connu aucune mise à l’écart. Il trône dans les rayons des bibliothèques depuis plusieurs jours déjà, a-t-on constaté.
La rumeur sur la proscription de ce roman a été déclenchée après des informations sur son inaccessibilité sur commande. Il n’en est rien. Sur les motivations derrière la publication de ce roman, Maël Renouard s’explique : «J’ai trouvé, en me documentant, que c’était une matière très riche pour la littérature, un contexte historique particulier déjà romanesque en soi, mêlant à la fois, du point de vue de l’histoire, le XVIIᵉ siècle et le XXᵉ siècle, et du point de vue de la géographie, l’Orient et l’Occident. J’ai voulu mettre en évidence cette atmosphère très singulière par les moyens de la littérature. C’est également un contexte historique prodigue en événements, en rebondissements, et en anecdotes liées à la vie de la cour, dans l’entourage d’un roi séducteur, spirituel, mais aussi capable d’arbitraire et de cruauté. Et j’ai créé un personnage de poète et d’historien dont le point de vue permet de mettre tout cela en lumière.»
Comment raconter à nouveau l’histoire du règne du roi Hassan II, depuis les méandres de la cour royale, en la dégageant des couches successives apportées par les historiens, mais aussi les romanciers des années antérieures ? Dans l’histoire de l’ancien monarque, l’épisode de son cursus scolaire et de son proche entourage a souvent été considéré comme un avatar marginal et somme toute secondaire. Le roman de Maël Renouard marque un tournant dans l’écriture de l’histoire des années 1960-1970. Il place son point d’observation au sein des hautes sphères de la société. Ses méthodes de travail (confrontation minutieuse des ressources et des écrits de la presse avec les sources archivistiques les plus diverses) ont participé à la richesse de son roman qui décrit un environnement où sont mises en évidence des stratégies de domination et des logiques de compétition.
Les rumeurs de la censure du livre de Maël Renouard a été l’occasion d’une campagne de presse associant mensonges et approximations pour discréditer la liberté de la création au Maroc. Sauf que le livre est bien en vente. La scène historiographique y est occupée par un homme de la cour, de la période du début du règne de Hassan II. La cour est l’écrin du pouvoir, l’endroit où le roi se révèle le plus. Un lieu pensé et organisé comme le centre de la vie politique d’autrefois. La cour dans le roman de Maël Renouard est non seulement pensée comme le cœur névralgique du Maroc de Hassan II dans une vision organiciste du pouvoir, mais aussi comme un modèle institutionnel et politique global. Elle constitue donc un cercle qui s’organise lui-même en fonction de la proximité à la couronne.
Le personnage principal est présenté de la manière suivante : «Je fus en grâce autant qu’en disgrâce. De l’un ou l’autre état les causes me furent souvent inconnues. À l’âge de 15 ans, j’avais été placé au Collège royal dans la classe de l’aîné des princes. L’ancienne noblesse chérifienne, la bourgeoisie fassie et les dynasties d’administrateurs au service du Makhzen y étaient naturellement plus représentées qu’à proportion de leur nombre dans le royaume, mais l’on avait soin de choisir dans toutes les couches de la société les jeunes garçons qui devaient accompagner la scolarité de ce prince, et je ne fus pas longtemps à m’apercevoir que j’étais celui dont la naissance était la plus humble». Le parcours d’un lettré dans l’entourage d’Hassan II qui alterne réussites et déconvenues. Maël Renouard investit fiction et faits réels sur une période charnière au Maroc et à Paris. Son roman fait partie de la deuxième sélection du prix Goncourt, décerné le 10 novembre.






